Une fois de plus, le sang a coulé dans le sud de Madagascar. Dans la nuit du 16 au 17 octobre, vers deux heures du matin, la commune d’Isoanala, district de Betroka, a été le théâtre d’un affrontement meurtrier entre les forces de l’ordre et un groupe de dahalo lourdement armés. Trois gendarmes ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, rappelant la dure réalité du métier de ces hommes et femmes qui veillent à la sécurité de la population dans des zones reculées et dangereuses. Selon les premières informations, environ 70 dahalo ont pris d’assaut le village de Tanandava, emportant plusieurs centaines de bœufs. Ces bandits, souvent bien équipés et organisés, ont semé la terreur parmi les habitants, tirant à balles réelles pour dissuader toute résistance. Alertés par les cris et les coups de feu, les gendarmes du poste local sont rapidement intervenus, appuyés par quelques villageois décidés à défendre leurs biens. L’affrontement a été d’une rare intensité. Les échanges de tirs ont duré plusieurs heures. À l’aube, le calme est revenu, mais le bilan était lourd : trois gendarmes tués, des fokonolona blessés, et des pertes également enregistrées du côté des assaillants. Cet incident tragique illustre les risques permanents auxquels sont confrontés les membres des Forces de l’ordre, notamment dans les régions enclavées du Sud. Les gendarmes y travaillent souvent avec des moyens limités, manque de véhicules, d’armes modernes, de renforts et de communication, alors qu’ils affrontent des bandes de dahalo de plus en plus bien armées. Ces derniers disposent parfois d’armes automatiques et connaissent parfaitement le terrain. Les zones montagneuses et difficilement accessibles comme celles de Betroka ou d’Ihosy deviennent alors des refuges pour les bandes criminelles, compliquant toute intervention rapide des forces de sécurité. La recrudescence des attaques de dahalo dans les régions rurales témoigne d’une insécurité chronique qui pèse sur la vie quotidienne des habitants. L’élevage, principale activité économique, est durement touché par ces vols de bétail. Chaque attaque plonge des familles entières dans la misère, détruit les moyens de subsistance et alimente un climat de peur. Les paysans, souvent livrés à eux-mêmes, se voient contraints de s’armer ou de fuir leurs villages. Cette situation aggrave la pauvreté et accentue l’isolement de zones déjà marginalisées. Le sacrifice des trois gendarmes tombés à Betroka rappelle la noblesse, mais aussi la fragilité de leur mission : protéger et servir, parfois au péril de leur vie. Dans ces zones reculées où la loi du plus fort semble régner, leur engagement demeure l’un des derniers remparts face à la violence et à l’impunité.
Yv Sam
