
Toutes les conditions sont réunies pour pouvoir améliorer la production des organisations paysannes bénéficiant de l’appui du projet AROPA depuis six ans.
Le district de Betroka tient une place importante en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire dans la partie Sud de Madagascar. En effet, c’est un grenier du Sud en pleine structuration, grâce à l’intervention du projet AROPA sous tutelle du ministère de l’Agriculture et financé par le FIDA (Fonds International pour le Développement Agricole), depuis six ans déjà. Ce district approvisionne en riz, manioc, haricot et oignon les régions d’Anosy, d’Androy et d’Ihorombe. « Et le projet contribue significativement au développement de ces filières porteuses en amont jusqu’en aval, et ce, en partenariat avec des organisations paysannes structurées qui agissent maintenant en professionnelles », a expliqué Ralijaona Claude Henri, le Coordinateur Technique du projet AROPA.
Crédits productifs. La preuve, « ces producteurs maîtrisent les itinéraires techniques de production en bénéficiant de services agricoles de proximité via des Conseillers à la Gestion des Exploitations Agricoles Familiales (CGEAF) fournis par la Chambre de l’Agriculture régionale d’Anosy. Ces derniers leur facilitent également l’accès aux services financiers de proximité en montant leur dossier de demande de crédit et en négociant auprès des Institutions de micro-finance. Entre temps, le projet AROPA a promu l’extension des services de la mutuelle du Mandrare FIVOY par le biais de l’ouverture de trois caisses de micro-finance éparpillées dans trois communes rurales à Betroka », a-t-il poursuivi. Ce qui permettra de contracter facilement des crédits productifs destinés à l’achat des intrants et au paiement de la main d’œuvre agricole servant à assurer la préparation de la campagne agricole chaque année.
Infrastructures de production valorisées. La location-vente de matériels ainsi que le crédit Grenier Communautaire Villageois (GCV), y sont également développés, à part la mobilisation de l’épargne. Notons que le projet AROPA a doté trois magasins de stockage de produits ayant chacun une capacité de 150 tonnes aux organisations paysannes afin qu’ils puissent développer ce crédit GCV. Les retombées économiques de ce type de crédit sont nombreuses car les producteurs peuvent assurer la stabilité du prix de leurs récoltes tout en assurant la sécurité alimentaire via la gestion de leurs stocks tout au long de l’année. En outre, le projet AROPA en partenariat avec le FRDA (Fonds Régional de Développement Agricole) a financé la réhabilitation de dix réseaux hydro-agricoles servant à irriguer une superficie de 1 790 ha dont 630 ha constituent des périmètres nouvellement aménagés.
Conditions réunies. En tout, 7 500 exploitants agricoles familiaux bénéficient de cet appui du projet durant ces six années d’intervention à Betroka. « Toutes les conditions sont ainsi réunies pour pouvoir améliorer la production de ces organisations paysannes structurées car il y a eu une extension de la surface cultivée en plus de l’amélioration du rendement de productivité », a souligné ce Coordinateur Technique. A titre d’illustration, une production rizicole d’une quantité de 8 000 tonnes est prévue cette année, tandis qu’en contre-saison, les groupements de paysans envisagent de récolter 2 000 tonnes d’oignon. « Grâce à cet appui du projet, je peux désormais étendre mes activités agricoles sur une autre parcelle de terrain. D’autant plus, nous pouvons maintenant cultiver deux fois dans l’année. Ce qui permettra d’augmenter nettement ma production de riz et d’oignon, et par conséquent, mes revenus issus de la vente des récoltes », a témoigné Sendrasoa, une paysanne de Betroka.
Réduire la vulnérabilité. Par ailleurs, le projet AROPA met en relation ces organisations paysannes avec des opérateurs de marché pour faciliter la commercialisation de leurs produits agricoles. Regroupés au sein de six unions de producteurs, ces premiers négocient en ce moment avec Mada Sud Export pour la vente de 900 tonnes d’oignon pour cette campagne. Par contre, d’autres unions de groupements de paysans collaborent avec la Chambre de l’Agriculture régionale de l’Anosy pour honorer la commande de 9 000 tonnes de manioc sec d’un opérateur chinois. A leurs initiatives, ces unions de producteurs ont créé une organisation paysanne au niveau régional (OPR) afin de mieux développer leurs activités et consolider leur solidarité. « C’est à travers l’amélioration de leurs revenus que l’on peut réduire la vulnérabilité de ces petits producteurs. Tel est d’ailleurs l’objectif principal du projet », a évoqué Ralijaona Claude Henri, le Coordinateur Technique. Quant au district de Betroka, cette zone dispose encore d’une énorme potentialité agricole avec une superficie de 15 000 ha irrigables. La résolution totale de l’insécurité et de l’enclavement de cette zone constitueront les facteurs de son développement ainsi que la résorption d’une bonne partie des problèmes alimentaires du Sud.
Navalona R.