
« Le patrimoine culturel des Bezanozano, un patrimoine qui s’est formé au cours des vicissitudes des origines et de l’histoire de ce groupe de population, surtout sur le plan socioreligieux ou celui de la pensée religieuse, laquelle revêt une spécificité » explique le Muséologue spécialiste de la région Maharavo Rabekoto.
« Pour ce peuple, en effet, le système de croyance ne se dissocie pas de la vie quotidienne et de la vie matérielle. A l’instar de la plupart des peuples animistes africains, le monde matériel et le monde spirituel sont fusionnés et ce système philosophique impacte tous les aspects de la vie quotidienne aussi bien au niveau de l’individu que de la société » explique le Muséologue.
Le groupe Bezanozano s’inscrit dans les limites de ce qu’on appelle le pays bezanozano qui fait partie du district de Moramanga. Ce pays est rattaché à la Région d’Alaotra-Mangoro, elle-même à cheval entre les parties centrales et orientales de Madagascar. . C’est une région rurale.
Bezanozano, un peuple autonome. D’après une hypothèse du lieutenant Vallier, l’origine du peuple Bezanozano émane des Vazimba, « Ce sera le hasard des diverses migrations qui fera apparaître une peuplade nouvelle pour supplanter les derniers Vazimba peuplant la vallée du Mangoro et combler par une harmonieuse tradition des races, le vide qui existait entre les habitants de l’Imerina et les riverains de l’Océan Indien. ». Ces Vazimba paraissent être les « premiers occupants ». Ils détiendraient une connaissance de la guerre par les « techniques de défense des villages » et aussi l’astrologie par la « connaissance du sikidy » et des sampy. Il est à noter que la chasse, la cueillette et la pêche ont été les moyens de subsistances des Vazimba sans oublier le riz qu’ils cultivaient vu qu’ils pratiquaient une « culture sur brûlis forestier ». Mais Ndemahasoa et Poirier, que les Vazimba qui sont originaires de l’Imerina, auraient été, après la mise en place des Merina, repoussés vers des zones comme l’Ankay et certaines parties de la forêt orientale mais pas seulement la côte ouest de Madagascar. Jean Poirier disait même qu’il y avait un peuplement vazimba, antérieur à la venue des Merina, mais les Vazimba se sont répandus de la côte orientale jusqu’au Moyen Ouest, en passant par l’Ankay et les haute terres. Pour le lieutenant Vallier : « Ces Vazimba repoussés de la côte, plus tard chassés de l’Imerina, avaient trouvé, dans l’Ankay, un refuge jusqu’à ce que par suite de l’expansion naturelle de leurs voisins Merina et Betsimisaraka ou par le fait de leurs migrations, le problème de la coexistence se pose»
« Une alliance matrimoniale. Et c’est ainsi que se sont tissées des relations étroites entre leurs descendants dans l’Ankay, générant la formation du peuple bezanozano » Rajemisa-Raolison in Dictionnaire historique et géographie de Madagascar.
La tradition rapporte qu’au XVIIème siècle, il y avait une reine dénommée Rafotsibe Alokinitany qui exerçait l’autorité sur trois régions successives à savoir la Matitanana, l’Ankaibe (actuellement au Nord de Maroantsetra), le Betsimisaraka du Sud et le Lohasaha qui est l’actuel Beparasy où elle avait sa demeure. Ambatomanga était sous sa protection car c’était un grand village. A la même époque, des Merina, sous le commandement d’un nommé Andriamalazabe auraient occupé le massif d’Ifody.
Propos recueilli par Iss Heridiny