
« Nous avons la vanille, le Cacao et… Joël Andrianomearisoa !» C’est sur ces mots que Rina Ralay Ranaivo de l’Association Kantoko a réitéré avec fierté la présence de Madagascar dans la prestigieuse Biennale de Venise d’art contemporain.
2019 est de bon augure pour la Grande île. Il aura fallu attendre la 58ème édition de la biennale de Venise d’art contemporain pour voir enfin la présence de Madagascar dans l’un des plus grands rendez-vous internationaux d’artistes contemporains venus du monde entier. Mais avant toute chose, nous aurons le plaisir de découvrir en avant-première au mois de février. Pour ouvrir le lancement, une conférence sur « la matérialité des émotions » se tiendra à l’Institut français à Analakely le 16 février. Une occasion de rencontrer l’artiste qui se fera une joie de relater son parcours, faire découvrir son travail d’artiste plasticien et donner un aperçu dudit Pavillon Madagascar.
La primeur aux Malgaches ! Cela Joël Andrianomearisoa y tient, car équivalent des jeux olympiques en art contemporain, la Biennale de Venise rassemble pendant 6 mois les meilleurs du monde. Cette participation devrait être une fierté nationale, car non seulement, un enfant du Pays a ramené la Nation dans une vitrine internationale, mais elle y est représentée par un illustre artiste aux milles et une facette. Avec un bagage artistique digne des maîtres plasticiens.
Historique. Ses premiers pas, il les a faits vers les années 90. Trois décennies plus tard, Joël Andrianomearisoa a été choisi pour représenter son pays accompagné des commissaires Rina Ralay Ranaivo et Emmanuel Daydé, en raison de l’invention et de la maturité de son travail, de sa notoriété à l’international ainsi que du soutien inconditionnel de son réseau professionnel. « Cette première participation à la Biennale di Venezia constitue un événement historique pour Madagascar. Elle est un signe de dynamisme et de modernité pour la Nation malgache. « Elle renvoie une image positive du pays au niveau national et international, malgré la prédominance de toutes les images exotiques et misérabilistes. C’est un message d’espoir et de volonté d’inscrire les forces créatrices de Madagascar dans les grands courants mondiaux.» souligne Ihoby Rabarijohn, la responsable relation publique du Pavillon Madagascar.
Grosse pointure. D’entrée de jeu, son travail s’incarne dans des performances qui lui vaudront la couverture de Revue Noire Madagascar en 1998. Joël Andrianomearisoa sollicite de nombreux supports, de la couture au design, de la vidéo à la photographie, de la scénographie à l’architecture, des installations aux arts plastiques. Probablement, c’est de là qu’il tire une œuvre polyphonique qui envahit tout l’espace sensible de chacun. Le plasticien fait partie de cette première vague pionnière d’artistes contemporains malgaches tout en participant activement au développement culturel et artistique de son pays. Sa formation à Madagascar tout d’abord dans une école de dessin, puis en côtoyant des artisans l’amène à côtoyer de nombreux designers internationaux de renom. Sa formation rebondit alors qu’il a 20 ans en France en entrant à l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris. En 2005, l’artiste est diplômé d’architecture tout en présentant un projet entièrement graphique et textile, loin d’un projet architectural classique que son directeur d’étude Odile Decq encourage.
Association Kantoko. Si différents pays occidentaux sont présents depuis plus d’un siècle, ce n’est que depuis une dizaine d’années que quelques pavillons africains apparaissent comme celui de l’Afrique du Sud ou de la Côte d’Ivoire. Cette première participation de Madagascar à la Biennale di Venezia 2019 est réalisée grâce à une collaboration, ainsi qu’une confiance mutuelle, entre le Ministère de la Culture de Madagascar et l’Association Kantoko accompagnée par l’Association Revue Noire. A savoir que l’Association Kantoko a été créée en 2015 par un groupe d’artistes et de professionnels malgaches conscients actuellement de toute l’importance de s’engager collectivement dans le développement et la promotion des Arts et de la Culture à Madagascar. Elle est le symbole de sa détermination à vouloir prendre en mains sa propre destinée, continuellement mise à l’épreuve par un contexte général à la fois complexe et précaire.
Zo Toniaina