
Minée par la longue crise de 2009, l’économie malgache reste toujours dans le rouge, et la grande majorité de la population continue de vivre dans une pauvreté absolue.
Tous les partenaires techniques et financiers publient un bilan négatif de l’économie nationale. « À Madagascar, la reprise économique n’a pas su gagner de l’élan » indique notamment le FMI dans un rapport sur la situation économique de Madagascar en 2015.
Coup d’Etat. Le FMI parle même d’une « évolution décevante observée depuis le rétablissement d’une démocratie constitutionnelle en 2014 », En somme, le retour à l’ordre constitutionnel depuis l’accession du Hery Rajaonarimampianina au pouvoir, en tant que Président démocratiquement élu n’a pas encore entraîné les effets bénéfiques escomptés sur l’économie. Une économie qui a subi « les effets de chocs extérieurs, d’une instabilité politique persistante et d’une mauvaise gouvernance ». Une fois de plus, la crise politique de 2009, provoquée par le coup d’Etat institutionnel par Andry Rajoelina est pointé du doigt, comme étant à l’origine de cette paupérisation continue des Malgaches. « La crise politique de 2009-2013 a eu des retentissements profonds sur les coûts économiques, sociaux et institutionnels : chute du revenu par habitant, dégradation des indicateurs sociaux et, plus encore, des mesures de gouvernance, de l’état de droit et de l’efficience du secteur public ». Et les querelles politiques de dirigeants ne sont pas pour arranger les choses. « Acquérir un consensus politique semble difficile depuis 2014, les conflits entre l’exécutif, le législatif et la judiciaire paralysant la mise en œuvre de réformes essentielles ». On rappelle notamment ces histoires de changement de majorité parlementaire avec des relents de corruption de haut niveau. Ou encore les exigences exorbitantes des députés qui n’hésitent pas à monnayer où à échanger leur vote contre des avantages financiers et en nature. Et les résultats de ces conflits d’intérêts qui ont empêché la mise en marche des réformes sont là. De mauvaises performances pratiquement à tous les niveaux ; « Pour 2015, la croissance réelle attendue est d’environ 3 %, un rythme à peu près comparable à celui de 2014 et équivalent à l’accroissement démographique. On constate de ce fait une stagnation du PIB par habitant, dans un contexte de pauvreté déjà généralisée »1 .
Relance imminente. Bref, avec un bilan plutôt négatif, les dirigeants ont énormément de difficultés à surmonter. Mais l’espoir d’une relance imminente est maintenant permis car en dépit de ces difficultés, les politiques macroéconomiques conduites en 2015 ont globalement permis de préserver la stabilité et la viabilité. « Malgré les chocs exogènes et la faiblesse de la croissance, l’inflation est demeurée sous la barre des 10 % et la couverture des importations par les réserves internationales est prévue d’augmenter. En outre, les déficits budgétaire et courant restent viables à moyen terme. Les autorités ont aussi commencé à prendre des mesures importantes pour renforcer la stabilité et la viabilité, en particulier pour améliorer la création de revenus, la qualité des dépenses budgétaires, les opérations de la Banque centrale et le fonctionnement du marché des changes. En juin 2015, les autorités malgaches ont finalisé les plans de mise en œuvre du Plan National de Développement (PND), qui vise à augmenter considérablement les dépenses pour les infrastructures et le développement social afin d’obtenir une croissance vigoureuse, durable et bénéficiant aux pauvres. L’atteinte de ces objectifs exige d’améliorer le recouvrement des recettes, chroniquement bas, et se traduira par un besoin prolongé de financement de la balance des paiements ».
Confiance des bailleurs de fonds. L’optimisme est d’autant plus de rigueur quand on sait que le régime bénéficie de nouveau de la confiance des bailleurs de fonds traditionnels. A l’instar du Fonds Monétaire International qui a récemment octroyé une aide budgétaire de 42,1 millions de dollars au titre de la Facilité de Crédit Rapide. La FCR est un système de financement qui permet d’apporter une aide financière immédiate assortie d’une conditionnalité limitée aux pays à faible revenu, qui se heurtent à un problème immédiat de balance des paiements. Dans ce contexte, les politiques économiques menées par un pays membre bénéficiant d’un financement au titre de la FCR sont censées remédier aux difficultés sous-jacentes de balance des paiements et concourir à la réalisation des objectifs poursuivis par les pouvoirs publics, notamment la stabilité macroéconomique et la réduction de la pauvreté. Les financements au titre de la FCR sont assortis d’un taux d’intérêt nul, d’un différé d’amortissement de cinq ans et demi et d’une échéance finale de dix ans. Le FMI revoit tous les deux ans les taux d’intérêt de toutes les facilités concessionnelles.
Recueillis par R.Edmond