
Premier résultat marquant pour la Cour spéciale de lutte contre le trafic de bois de rose. Le réputé intouchable et non moins l’un des barons du secteur a été arrêté de façon musclée.
Arrestation spectaculaire hier, dans la cour du centre commercial La City à Ivandry. Probablement pris en filature depuis un certain temps, le baron du bois de rose du nom de Maminirina Jean Eddy n’a pas pu passer entre les mailles du filet de la police. L’homme, réputé d’être irascible et intenable a fini par obtempérer une fois immobilisé à terre par les éléments de l’Unité d’Intervention Rapide (UIR). Ses bodyguards qui le suivent dans tous ses déplacements n’ont pu rien faire. Ils ont vite compris que riposter dans une pareille circonstance se terminerait mal. Les éléments de la police les ont désarmés et l’ont laissé partir avec quelques membres de la famille d’Eddy Maminirina. Vers 16heures et quelques poussières, hier, à bord de son luxueux Dodge tout terrain de couleur noire mate et une jeep, Eddy et consorts ne se doutaient de rien. Ils n’ont pas vu venir les gens cagoulés de la police qui attendaient juste leur arrivée à La City. Il avait un bureau situé au quatrième étage de l’immeuble et y passe de temps en temps. Réquisitionné par la Chaîne spéciale, les éléments armés de l’UIR ont exécuté le mandat d’arrêt sous couvert de la loi. L’opération n’a duré que quelques minutes. Eddy Maminirina a été embarqué dans la voiture de la police et emmené sous haute protection à la maison de sûreté de Tsiafahy. Plusieurs fois frappé par des décisions de justice, il a toujours pu s’échapper à son arrestation. Le 29 septembre 2017, le Bianco a déjà émis un mandat d’arrêt assorti d’une interdiction de sortie du territoire à son encontre mais sans aucune suite favorable. Dans la foulée, sa voiture tout-terrain V8 blindée a été saisie par le bureau anti-corruption et se trouve à Ambohibao. Comme si de rien n’était, l’individu a pu s’échapper en Asie notamment en Thaïlande, en Chine et dernièrement à Dubaï. Fin novembre 2018, à la grande surprise de tout le monde, il revient à Madagascar et accueilli comme un héros par ses partisans à Tamatave. Un retour qui n’a pas manqué d’alimenter la polémique puisqu’il était revenu en pleine campagne de propagande de la présidentielle. Certains ont mis en doute qu’il aurait fait un deal avec l’un des deux candidats pour couvrir ce retour. La chambre d’instruction de la Cour spéciale n’a pas manqué de sauter sur l’occasion pour signer son mandat d’arrêt. Ainsi, le 13 décembre dernier, il a été décidé que l’individu soit recherché dans toute l’île. Mais comme il est réputé dangereux et de surcroît bénéficierait de la couverture d’un officier général très connu, les autorités ont dû patienter pour attendre le bon moment. Et c’était finalement hier. Ce fait pas comme un autre, signe une nouvelle donne dans la lutte contre le trafic de bois de rose. Si la Chaîne spéciale a eu le courage de toucher Eddy, il est probable que les autres gros poissons sont assujettis au même sort. Une situation de quoi à faire trembler les élus « bois de rose » qui se cachent derrière l’immunité parlementaire. En attendant, le juge d’instruction de la Cour spéciale aura à faire le va-et-vient à Tsiafahy pour commencer l’audition de Maminirina Eddy. Des révélations pourraient en découler puisque l’on sait que le trafic de bois précieux n’est pas l’œuvre d’une seule personne mais de plusieurs mafias organisés en réseaux très puissants. Sur le même chapitre d’ailleurs, l’on a appris que le secrétaire particulier de l’ancien ministre de l’environnement Anthelme Ramparany a été placé sous MD à Antanimora, depuis hier, pour complicité de trafic. Les yeux sont maintenant braqués sur la Cour spéciale. Attendre et voir…
D.R