La décision de fermer le service des douanes à Maroantsetra depuis 2010, n’est pas sans effet pour le trafic de bois précieux dans la région. Bien qu’il n’ait plus de nouvelle coupe, les acteurs du commerce illicite ont trouvé une autre manœuvre beaucoup plus facile mais efficace. Il s’agit de déplacer les stocks, évalués à 2000 tonnes, et de les acheminer petit à petit vers les ports environnants. Clovis, coordonateur de la coalition Iampona, une organisation qui milite contre la coupe et le trafic des Andramena (bois de rose), explique un déplacement vers les alentours du parc Masoala des 2.000 tonnes en question. « Selon nos informations, il serait plus facile dans cette zone d’embarquer les bois dans les bateaux. Une partie des bois précieux sont expédiés, bien entendu, de manière illicite, vers le port de Vohémar et de Toamasina. Les trafiquants font une fausse déclaration et plusieurs corruptions et le tour est joué » a-t-il dénoncé. Il poursuit dans la foulée que la fermeture du service des douanes est une bien mauvaise option. Clovis trouve que cela ne fait que faciliter le trafic. « Depuis l’inexistence de ce service à Maroantsetra, les bateaux faisant le va-et-vient dans la zone, montent en nombre et peuvent embarquer jusqu’à 200 tonnes de bois si auparavant leur capacité était de 180 tonnes. La gendarmerie, en substitution des douaniers, n’ont pas le pouvoir de couvrir des taxes. La situation génère un manque à gagner inestimable pour l’Etat » selon toujours notre interlocuteur. Ce dernier, avec trois autres personnes dont l’une a choisi de s’enfuir du pays, sont exposés à des menaces de mort. Il a connu et à deux reprises deux tentatives d’incendier sa case d’habitation. Sur place, à Maroantsetra, un éventuel trafic de ces 2.000 tonnes avant la fin de cette année se confirme. « La mer est plus calme en cette période tout comme le vent d’alizé. Et puis, les trafiquants profitent du fait que la plupart des autorités passent leur fin d’année ailleurs afin d’embarquer en catimini les bois » ont-ils expliqué. Attendre et voir…
D.R