Le développement économique doit impérativement être associé à une bonne gouvernance du secteur privé, selon le Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar (CREM).
Les indicateurs WGI dont la qualité de la stabilité politique, la régulation, l’instauration de l’Etat de droit, le niveau de la corruption, et la redevabilité montrent une médiocrité de la situation à Madagascar. Selon les économistes du CREM, ces indicateurs peuvent s’expliquer par l’extraversion et la désarticulation de l’économie locale, ainsi que par la faiblesse de la productivité. En outre, l’environnement des affaires est caractérisé par la monopolisation des activités économiques due au clientélisme politique ; par la faible capacité contributive des entreprises et la prolifération du secteur informel ; par une forte corruption et l’impunité ; et surtout par une libéralisation sauvage de l’économie. « Nous avons reculé si on se réfère à notre situation aux années 60. Les autres pays africains sont passés devant en termes d’infrastructures, d’urbanisme, de transport, de services publics, d’énergie, etc. », a décrit le CREM.
Inéquitable. Le secteur porteur de croissance sera le premier bénéficiaire de cette création de richesse. Pour Madagascar ayant une économie extravertie, la croissance bénéficie surtout aux investisseurs étrangers, mal maîtrisés, à l’exemple des deux grands projets miniers. Même les décisions politiques sont influencées par ces investisseurs, d’après le CREM. « Il n’est pas étonnant si nous atteignons un taux de croissance du Produit Intérieur Brut acceptable, aux environs de 7% par exemple en 2008, alors que le taux de pauvreté est rigide, supérieur à 80% en moyenne (74% en 2007 et 92% actuellement). Pourquoi la production nationale augmente alors que le revenu par tête diminue? C’est parce que les fruits de la croissance ne sont pas distribués au niveau de la population ».
Solutions. L’investissement maître du développement doit être placé au premier rang des priorités, selon les économistes. Ce facteur permet de créer de l’emploi, impliquant une augmentation des revenus, et donc du pouvoir d’achat, pour finir par stimuler la demande. « Si nous voulons récolter une croissance rose, il est vraiment indispensable de relancer les investissements locaux et améliorer le code des investissements étrangers. Dans un contexte où nous devons attirer des capitaux étrangers, nous pouvons prendre l’exemple de certains pays asiatiques. Ils incitent les investisseurs directs étrangers (IDE) à investir chez eux, mais en respectant le code d’investissement. Et le contrôle de l’Etat surtout en matière de paiement d’impôts et taxes est strict. L’Etat ou des entrepreneurs locaux doivent être les actionnaires majoritaires dans la société. Ce qui veut dire que ce sont eux qui décident de l’affectation des dividendes », soutient le CREM. Cette organisation a émis plusieurs solutions pour résoudre le problème économique du pays. Nous en reparlerons.
Antsa R.