
Le président Andry Rajoelina est resté ferme, quant à sa décision concernant la digitalisation de la gestion des bourses d’études pour les étudiants des universités publiques. L’option Banque primaire est désormais laissée de côté.
Les premiers paiements de bourses d’études par monnaie électronique seront lancés ce jour, pour les étudiants de l’Université d’Antananarivo. D’après les informations que nous avons pu recueillir auprès de quelques responsables proches du dossier, les étudiants en médecine seront les premiers bénéficiaires du nouveau système. Après plusieurs mois de confusion sur l’institution chargée de la digitalisation de la gestion des bourses d’études, il est aujourd’hui confirmé que le marché est attribué à la Paositra Money, le service financier de la Paositra Malagasy. A noter que le président de la République, Andry Rajoelina, a annoncé cette option depuis le mois de mai 2020. Entre-temps, des procédures contradictoires ont été initiées par le PIFM (Projet d’Inclusion Financière de Madagascar), dans le cadre du projet de modernisation des services de proximité, initié par le MEF (Ministère de l’Economie et des Finances).
Une commission de 5 millions USD. Cette affaire a éveillé un soupçon de clivage au sein du gouvernement. D’un côté, le ministre de l’Energie et des Hydrocarbures, Christian Ramarolahy – qui se chargeait auparavant de la Poste, des Télécommunications et du Développement Numérique et connaît très bien le dossier – défendait ardemment l’idée de confier la digitalisation de la gestion des bourses d’études à la Paositra Money. De l’autre, de hauts responsables au sein de l’administration qui penchaient plutôt sur le processus enclenché par le PIFM, avançaient que le marché aurait été attribué à la BNI Madagascar, suite à un appel à manifestation d’intérêt lancée le 19 juillet 2019. Selon notre source, l’enjeu majeur de la lutte concerne une commission de 5 millions de dollars US, soit environ 18,85 milliards d’ariary. Ce montant représente la prestation de la banque, pour le service de digitalisation de la gestion des bourses d’études. D’après les explications fournies, la solution Paositra Money permettrait à l’Etat de réduire considérablement ce coût et même d’éviter d’emprunter cette somme auprès des bailleurs de fonds traditionnels.
Malaise. Bien que l’Etat puisse se réjouir de ce progrès technologique à moindre coût, la question se pose, si le choix « imposé » de la Paositra Money n’a pas une incidence sur la relation avec la Banque Mondiale. En effet, outre l’annulation éventuelle de la demande de prêt de 5 millions USD, pour financer ce projet de digitalisation, le malaise entre les dirigeants malgaches et les responsables auprès de l’institution de Bretton Woods, est déjà perceptible, depuis la divergence d’opinions sur l’application ou non du tarif Optima de la Jirama. Pour l’heure, le président de la République et le gouvernement se montrent fermes, et martèlent l’importance de la souveraineté nationale, pour défendre l’intérêt du peuple malgache, avant toute chose.
Antsa R.