Les enquêteurs ne respectent plus le protocole d’accord entre les différents corps, dans le traitement de cette affaire. Et c’est tant mieux puisque corporatisme rime parfois avec népotisme…
L’enquête sur le braquage, à Toamasina, d’un opérateur de girofle semble avancer à pas de géant à Anosy, dans les locaux de la brigade criminelle (BC). Dimanche dernier, la police a ramené les mêmes éléments de la gendarmerie qu’ils ont arrêtés jeudi dernier à Toamasina, non pas pour y passer un week-end tranquille au bord de la mer mais pour une reconstitution rapide du braquage dont ils sont les présumés auteurs, et aussi pour identifier leur complice. Il s’agit d’un lieutenant qui travaille au sein de la brigade des recherches criminelles de Toamasina, a-t-on appris de sources concordantes. Ce dernier et les éléments du GSIS ont été acheminés vers la capitale hier même, dans la soirée. Cette nouvelle arrestation permettra aux limiers de la BC d’éclaircir les choses notamment en ce qui concerne la planification de l’opération et les acteurs qui se trouvent derrière. Y compris le commandant O., un officier de la gendarmerie qui serait le propriétaire de la voiture 4×4 utilisée par les “bandits” pour le braquage et la fuite vers la capitale. Ce commandant qui détenait un service important durant la période transitoire est activement recherché. Samedi dernier, le chef du GSIS a été entendu par les enquêteurs pour une procédure d’usage puisqu’il est le premier responsable de ses hommes. Mais aucune charge n’a été retenue contre lui puisque les hommes concernés sont déjà détachés pour la protection d’un chef d’institution et, à cet effet, ne sont plus gérés par le GSIS. C’est plutôt leur chef d’unité auprès de l’institution qui est le responsable direct de leur mouvement. Lui-même figure dans la liste des personnes à auditionner, selon nos sources policières. Pour un petit rappel, les trois gendarmes ont profité de leur tour de repos pour se déplacer rapidement à Toamasina. A leur sortie du bureau, à Tana, la nuit du mercredi, ils se sont embarqués dans la 4×4 du Commandant O. pour faire cap sur Toamasina. Une fois la mission terminée, ils ont repris la RN2 pour revenir dans la capitale. A chaque barrage des polices de la route, ils ont montré leur carte professionnelle montrant leur détachement à l’institution concernée. Ils n’avaient connu aucun problème et commencent à avoir le sourire aux lèvres puisque le crime est en passe d’être parfait. Mais à Moramanga, la donne a tout changé. Des éléments d’élites de la police, armés jusqu’aux dents, les attendaient pour les arrêter. Les agents spéciaux étaient au courant des renseignements sur le braquage et de l’implication des trois éléments des forces de l’ordre. La perquisition de la voiture a d’ailleurs confirmé le doute : une somme de 140 millions d’ariary y était découverte. Si un lieutenant a été arrêté et un commandant recherché, suivant cette logique, le commanditaire ne serait-il pas un colonel ou un général? Décidément…
Didi R.