La semaine fut fertile en rebondissements. La sortie très médiatique de l’ancien président Marc Ravalomanana à Andohatapenaka a apporté une certaine animation dans une vie politique malgache plutôt monotone. La charge plutôt musclée qu’il a faite contre le régime a eu un large écho dans la presse nationale et a suscité l’approbation d’une partie de l’opinion heureuse de voir un leader de sa stature croiser le fer avec le pouvoir. Certes, il n’est pas le seul à le faire, mais son poids politique donne du crédit à ses interventions. Son coup d’éclat a entraîné la réaction immédiate des autorités concernées par l’affaire. Le ministre en charge des Projets présidentiels a dépêché des éléments des forces spéciales pour récupérer les engins de la société chinoise mise en fourrière au dépôt de la commune à Anosipatrana. Le régime n’a pas laissé traîner les choses et a utilisé toutes ses prérogatives pour réoccuper le terrain que la société Tiko affirme être propriétaire. Dans la foulée, les travaux d’aménagement de la gare routière ont repris de plus belle. La passe d’arme entre Marc Ravalomanana et le ministre Narison Rajaonarivony a entretenu une certaine agitation médiatique, mais le soufflet est retombé très vite. L’ancien président a dû céder devant la toute puissance de l’Etat, mais tel qu’on le connaît, il reviendra à la charge. Il continue de se forger une stature d’opposant crédible face à un pouvoir de plus en plus décrié. Didier Ratsiraka, l’un de ses anciens rivaux, cultive son image de sage et de « Raiamandreny » et il a pu vérifier sa grande popularité lors de son déplacement à Mahajanga pour la célébration du 40e anniversaire de l’AREMA. « Deba » a gardé tout son prestige auprès des militants de son parti qui ne sont pas loin de penser à lui pour les présidentielles de 2018. Les interventions médiatiques qu’il fait tombent toujours à bon escient et montrent que ses qualités intellectuelles sont intactes. Dans le contexte actuel, ses avis sont pertinents. Ils se gardent de faire des critiques gratuites, mais ils proposent ses solutions tout en évitant de faire la leçon aux dirigeants.
L’actualité internationale est centrée sur plusieurs points chauds, que ce soit en Afrique, en Amérique du Sud ou en Europe.
Le recours de Jean Ping devant la cour constitutionnelle. Les troubles qui ont suivi la proclamation des résultats de l’élection présidentielle au Gabon ont fait craindre et continuent d’appréhender une longue période d’instabilité dans le pays. Ali Bongo qui dit avoir été élu avec 49% des voix refuse un recomptage des suffrages demandé par son adversaire Jean Ping qui se proclame lui-même vainqueur. Le nouvel élu demande à son rival de faire un recours devant la cour constitutionnelle. Ce dernier qui refusait obstinément de le faire a finalement déposé son dossier devant cette haute instance. Les neufs juges constitutionnels ont quinze jours pour se prononcer sur sa validité.
Les opposants de Nicolas Maduro ne désarment pas. Au Venezuela, le président Nicolas Maduro n’est pas encore sorti de la zone de turbulence politique où il se trouve depuis bientôt un an. Ses opposants font tout pour qu’ait lieu un référendum portant sur sa destitution ou non.
Intervention remarquée de François Hollande. A un an de l’élection présidentielle française, la longue intervention de François Hollande à la télévision apparaît comme une déclaration de candidature avant la lettre. Le président de la République s’est longuement exprimé sur sa fonction et son rôle.
La vie politique malgache qui sombrait dans la monotonie ces dernières semaines s’est subitement emballée avec cette prise de bec de l’ancien président de la République Marc Ravalomanana et le régime. Le pouvoir a très vite montré son autorité, mais sa réaction, loin de le dédouaner face à l’opinion, laissera des traces. Elle accentue la défiance d’une partie de la population vis-à-vis de l’Etat et renforce le crédit de Ravalo vis-à-vis de cette dernière.
Patrice RABE