Un calme précaire règne à Mananjary après les affrontements qui ont fait plusieurs morts parmi les civils et des blessés parmi les gendarmes. La population compte pour le moment se recueillir en envisageant demain une veillée mortuaire sur la place de l’indépendance de la ville. Elle demande à ce que les gendarmes qui ont tiré et tué des civils et en particulier le quartier mobile dont les circonstances de la mort demeurent floues soient traduits en justice. Les gendarmes n’acceptent pas cependant d’en endosser la responsabilité. Au bout du compte, l’arrivée des membres du gouvernement ainsi que de renforts de gendarmes venus pour défendre leur bureau et sécuriser la ville ont fini par réduire la tension et ramener le calme. Il aurait été annoncé par les autorités que l’Etat prendra en charge les dépenses liées aux obsèques de ceux qui sont morts pendant les manifestations. Les membres du gouvernement prévoient de rencontrer les Ampanjaka de Mananjary pour qu’ils appellent au calme.
Bras de fer terminé
Outre cette situation tragique à Mananjary, c’est encore et toujours les élections communales à venir qui préoccupent les partis politiques. L’adoption du statut particulier de la capitale par l’Assemblée nationale conforte la tenue de ces élections. Le calendrier du scrutin sera maintenu bien que les dates du dépôt de candidatures devront être précisées. Les députés ont pris leurs responsabilités à propos du statut d’Antananarivo. Ils ont amendé le projet gouvernemental dans le sens des aspirations de la population. Les craintes de division de la capitale, de dépouillement des pouvoirs du maire qui sera finalement élu au suffrage universel, peuvent désormais disparaître. Le maire d’Antananarivo désignera et nommera les délégués d’arrondissements. Le bras de fer entre l’Exécutif et le législatif sur ce statut se termine après avoir duré plusieurs mois. La capitale restera comme avant. Toutefois, le prochain maire qui sera élu doit tirer des leçons du passé. La mairie a servi de tremplin pour prendre le pouvoir. Marc Ravalomanana en 2002 et Andry Rajoelina en 2009 en savent quelque chose. Ils ont suscité de l’espoir mais qui a viré au cauchemar. Les expériences ont au final davantage enfoncé le pays dans la pauvreté et la misère. Une chose est sûre, les tenants du pouvoir actuels sont confrontés à d’immenses problèmes hérités du passé. Les réformes envisagées se heurtent à des levées de boucliers que reflètent les foyers de tension corporatifs et sociaux. Les changements ne sont pas faciles à introduire après une trop longue période de laxisme et de gabegie. Ces expériences sont autant d’enseignements pour le futur maire de la capitale. Il est maintenant temps de ne s’occuper que de la ville. Elle est dans un tel état qu’il est urgent de lui offrir un joli visage digne d’une capitale.
Zo Rakotoseheno