Bureau permanent de l’Assemblée nationale : Le Firaisankina et les députés indépendants raflent la mise

Après deux législatures dominées par le groupe Isika Rehetra Miaraka amin’i Andry Rajoelina (IRMAR), l’Assemblée nationale connaît un bouleversement majeur : le Firaisankina émerge désormais comme le principal acteur au sein de la Chambre basse.

Lors des élections du bureau permanent, tenues hier à Tsimbazaza, le Firaisankina a obtenu trois des six postes de vice-président, tandis que les trois autres ont été attribués à des députés indépendants. Mais c’est surtout la prise de fonctions stratégiques par le Firaisankina qui marque cette élection : les postes de questeur (n°1 et n°3) et de rapporteur général sont occupés par ses membres. Siteny Randrianasoloniaiko, député du Firaisankina, a déjà pris la présidence de l’Assemblée, succédant à Justin Tokely (IRMAR), lors de l’élection qui s’est tenue le 15 octobre 2025 dernier.

Changement profond

Cette victoire symbolise un tournant pour le Firaisankina, qui, autrefois jouait  le rôle de l’opposition, prend le contrôle de l’Assemblée nationale, un changement profond dans le paysage politique malgache après la chute du régime Rajoelina. Les élections ont aussi permis un rééquilibrage dans plusieurs provinces. À Antananarivo, Fetra Ralambozafimbololona (Firaisankina) remplace Augustin Andriamananoro (IRMAR), un signe de renouveau, surtout pour le parti de l’ancien président Marc Ravalomanana qui reste bien implanté dans cette province. À Fianarantsoa, Fanomezantsoa Andrianjanahary, député indépendant, prend la place de Haingo Elisette Fomendraza (IRMAR). À Mahajanga, Christian Afakandro, élu sous les couleurs Firaisankina, succède à Princia Soafilira (IRMAR), tandis qu’à Toamasina, Fidèle Razara Pierre remplace Lucien Irmah Naharimamy. Des changements similaires se produisent à Toliara et Antsiranana, où des députés indépendants, respectivement Marco Tsaradia et Issa Ibrahim Bora Reglage, prennent les places d’élus IRMAR.

Manœuvres politiques

Toutefois, ce renversement de pouvoir n’a pas été sans heurts. Antoine Rajerison, député d’Arivonimamo, a dénoncé des « manœuvres politiques » en faveur du candidat du Firaisankina, ajoutant une couche de tensions au sein de l’Assemblée. Ces divisions internes montrent la complexité du contrôle de la Chambre basse, le Firaisankina devant gérer à la fois ses nouvelles fonctions et les dissensions qui émergent au sein de son groupe en plein élargissement. Les élections ont également permis des changements dans les postes de questeur et de rapporteur général. Rina Randriamasinoro (Firaisankina) prend la place de Jean Bosco Rivotiana (IRMAR) comme questeur du budget et du personnel, tandis que Johnny Rakotoarisoa (IRMAR) obtient le poste de questeur des relations publiques et de la législation. De plus, Mamy Haja (Firaisankina) prend en charge le questeur sur la bonne gouvernance. En tout cas, ce changement à l’Assemblée nationale représente une victoire symbolique pour le Firaisankina, mais des questions demeurent sur la stabilité du groupe. Bien qu’il semble dominant, les tensions et les contestations de certains députés indépendants et IRMAR en rupture de ban avec l’ancien régime pourraient fragiliser sa position.

Julien R.