Les Malgaches sont de plus en plus nombreux à être atteints par le syndrôme de l’épuisement au travail, un mal social insidieux aux graves impacts économiques. Le « chômage déguisé » et les conditions de travail désastreuses en seraient la cause… Psychologique d’abord, le « burn-out » professionnel se caractérise par la démotivation au travail et la perte totale de l’estime de soi, il se manifeste par des symptômes physiques comme une fatigue et une insomnie chroniques et des maux de dos, etc. Non traité, il peut être fatal à l’individu en question. A long terme, il impacte sur la productivité de l’entreprise. Il s’agit d’un cercle vicieux ! Cependant, le salarié a aussi sa part de responsabilité, surtout dans le culte de la performance, qui ne peut conduire qu’à la frustration et à l’épuisement.
De mauvaises conditions de travail engendrant un mal-être physique et psychologique
Pour vivre, voire subsister dans un pays touché par une extrême pauvreté, 85% de la population malgache se retrouvent dans une situation qualifiée de « chômage déguisé ». Outre la prédominance du secteur informel avec l’instabilité qui lui est propre, le « chômage déguisé » prend surtout la forme d’une exploitation où les employés acceptent un poste en-deçà de leurs qualifications. C’est à Madagascar que l’on rencontre un ingénieur physicien sortant de l’Université, subsistant comme agent de sécurité, quoi de plus démotivant… Et il ne s’agit pas d’un cas isolé ! Faute d’une adéquation de l’offre à la demande alors qu’il faut gagner sa vie, on accepte un poste dans des conditions de travail parfois déplorables. L’adage « Aleo minan-kely toy izay mandry fotsy » ou « un tiers vaut que deux tu l’auras » illustre bien cette situation.
L’entrepreneuriat et une prise en charge psychologique comme solutions. Les statistiques sur le « burn-out » sont quasi-inexistantes à Madagascar. Pourquoi ? Parce que le sujet est tabou. Renvoyant à une image négative de soi, on n’ose pas se l’avouer. A peine 15% des consultations psychologiques concernent cette « maladie du travail ». Pourtant une thérapie peut en venir à bout. L’entrepreneuriat représente également une solution pragmatique, mais il s’agit là encore d’un parcours du combattant. Toutefois, même si le secteur du travail à Madagascar est mal en point, il n’est pas fini. L’espoir est permis !
Luz R.R