- Publicité -
samedi, octobre 25, 2025
AccueilCultureCampus université d'Antsiranana : Le constat est amer  

Campus université d’Antsiranana : Le constat est amer  

Le campus universitaire de Diego-Suarez  est délabré, en piteux état, lamentable.  Immeubles  fissurés, tuyaux endommagés,  fils conducteur de courant balayant le sol décorent la cité des futurs cadres de Madagascar. Cette situation a fait couler des encres des poètes en herbe, diffusée sur les réseaux sociaux, les chaînes télévisées. Récemment, une photographe française a pris des clichés à laquelle vit la génération sacrifiée.  Mais jusqu’ici, aucun responsable n’a bougé un seul petit doigt.

Pollution esthétique

Les 16 et 17 octobre dernier, les universitaires ont appelé des journalistes pour visiter leurs demeures. En un seul coup d’œil, les bâtiments ressemblent à des ghettos abandonnés.  Une odeur suffocante se dégage depuis  la porte principale du Bloc G. Ce relent, fusionné par la moisissure des murs, l’ammoniaqué  dans les toilettes,  fait partie du quotidien.  « Notre organe olfactif est habitué. On ne sent plus rien», disait l’un d’entre eux avec un sourire mal à l’aise en regardant le visage des visiteurs déformé. À l’intérieure, les chambres, comme des boîtes de sardine,  sont occupés par neuf personnes. « Avec nos petit(e)s ami(e)s, nous ne pouvons pas passé un moment calme et intime », soutient  Alpha.   Les bidons jaunes se transforment en table de chevet, ou des tabourets, une assise de bienvenue. 

De « pure en pire »

Bâtis dans la deuxième moitié des années 1970 sous la Deuxième République, les anciens ont témoigné que les conditions étaient différentes. « Nous étions au plus trois dans la même chambre. Il y avait des cantines. Pas de problème d’eau ni d’électricité.  Nous mangeons à notre faim. De plus, l’Université se trouve au bord de la mer. Donc, l’air est pur. Dans ce cas, nous nous sommes engagés avec excellence dans notre cursus universitaire », raconte Morgane Randriatafika. Bien entendu, le nombre des bacheliers à l’époque est le dixième de ceux d’aujourd’hui. Désormais,  ces édifices ne sont pas disposés à recevoir les dizaines de milliers d’apprentis. Il est primordial de noter que des branches d’études y sont mises en place  presque tous les deux ans sans tenir compte des logements. Pourtant, l’UNA reçoit principalement des jeunes originaires  de la Région SAVA, Sofia, les districts d’Ambilobe, d’Ambanja et la ville de Nosy Be. Malgré les instituts qui poussent comme des champignons, les parents estiment la qualité de ce grand établissement. « Je suis au courant de ce qui s’y passe. Mais, je suppose que c’est la seule université qui livre un diplôme réputé dans la région du Nord. Je n’ai pas les moyens de l’envoyer à Antananarivo. Vu l’état actuel de la RN6, il me faut beaucoup d’argents pour le ravitailler.  La raison pour laquelle j’y ai inscrit mon fils ainé », certifié un père de famille. 

La faim justifie les moyens

Hormis les régions citées précédemment, l’UNA forme également des disciples des contrées  lointaines, en l’occurrence Androy, Melaky, Betsiboka, Analanjirofo, Atsimo-Antsinanana. Ceux-ci sont contraints de survivre en raison de l’ajournement des colis.  Lors de la saison de pluie, la livraison différée des approvisionnements les oblige à emprunter de l’argent. « Nous établissons un accord avec nos amis. Ils nous prêtent de l’argent. Une fois que le colis est débardé, nous donnons la moitié au créancier en guise de reconnaissance», tel est le deal ! Naturellement, le « débiteur » perd du poids.  Par ailleurs, certains sont astreints de travailler comme agent de sécurité, livreur, animateur d’opérateur téléphonique. Les jeunes femmes se déguisent en belle de nuit.  Évidemment, les rémunérations ne parviennent pas à satisfaire absolument les besoins. Cependant, ce plan B  apaise partiellement la souffrance car le ventre affamé ne raisonne point! 

Il n’est pas étonnant que peu de jeunes s’en sortent victorieux en brandissant leur diplôme de fin d’études. Les épreuves sont insurmontables. De grandes félicitations à celles où à ceux qui ont pu escalader la montagne accidentée.  Le comble, un groupe  minoritaire d’enseignants, ayant poursuivi dans des grandes écoles en Europe, semble hors ligne – déconnecté de la réalité. « Les professeurs nous pointent du doigt. Ils disent que nous sommes paresseux sans savoir exactement ce que nous endurons. D’une part on ne les blâme pas. Ils habitent dans des belles maisons !». Le constat est amer.  

Iss Heridiny 

- Publicité -
Suivez nous
419,278FansJ'aime
14,461SuiveursSuivre
5,417SuiveursSuivre
1,920AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici