
Le 15 octobre marque la Journée mondiale de la canne blanche, symbole universel de l’autonomie des personnes aveugles et malvoyantes. À Madagascar, cette célébration est passée presque inaperçue, malgré les enjeux cruciaux qu’elle soulève. L’Association des aveugles de Madagascar a profité de cette date pour rappeler que les droits des personnes déficientes visuelles restent largement bafoués dans le pays.
Bien qu’un arrêté interministériel datant du 12 décembre 1993 encadre l’usage de la canne blanche et impose aux automobilistes de céder le passage aux personnes qui la portent, cette réglementation est encore loin d’être respectée. « De nombreux conducteurs ne s’arrêtent pas lorsqu’une personne aveugle ou malvoyante brandit sa canne blanche. Des campagnes de sensibilisation ont été menées mais elles restent insuffisantes. Il faut intensifier les efforts, car ce comportement met des vies en danger », alerte Josoa Radafiniantsoa, président de l’association. Il souligne également que la canne blanche représente bien plus qu’un outil de déplacement : elle est un levier essentiel d’autonomisation pour les personnes concernées lors de leur déplacement.

Politique
Par ailleurs, une politique nationale d’inclusion et d’autonomisation des personnes handicapées a été élaborée et est actuellement en attente de validation. Le processus de rédaction est achevé, fruit d’une collaboration entre les organisations de personnes handicapées, la société civile, plusieurs ministères, les Nations Unies et des acteurs économiques. Des consultations régionales et sectorielles ont également été menées en amont pour garantir une approche inclusive et représentative. Cette politique, une fois validée, pourrait marquer un tournant dans la reconnaissance et la protection des droits des personnes handicapées à Madagascar.
Inclusion
L’Union mondiale des aveugles (UMA), lors de la célébration d’hier, réaffirme également le rôle de la canne, non seulement comme un outil de mobilité sûre et indépendante, mais aussi comme un symbole universel de fierté, de dignité et du droit à l’inclusion pour les personnes aveugles et malvoyantes partout dans le monde. « La canne blanche est bien plus qu’une aide à la mobilité. C’est une déclaration selon laquelle les personnes aveugles et malvoyantes sont ici, présentes dans la société, et ont droit à la même dignité et aux mêmes opportunités que tout le monde », a déclaré Santosh Kumar Rungta, président de l’Union mondiale des aveugles. L’UMA souligne que la lutte pour l’inclusion reste urgente. Dans de nombreux pays et régions, les personnes aveugles et malvoyantes continuent de faire face à des obstacles – qu’il s’agisse d’espaces publics inaccessibles, d’attitudes discriminatoires ou de reculs politiques qui risquent de compromettre des décennies de progrès.
Narindra Rakotobe