La capitale se réveille avec une nouvelle conséquence des violences : la fermeture des stations-service. Après les scènes de pillage et d’incendie qui ont visé magasins, bureaux et entrepôts, la plupart des points de vente de carburant ont, eux aussi, choisi la prudence et baissé leurs rideaux dès hier après-midi. Les gérants ont noté qu’il faut éviter tout risque pour le personnel et les installations, car les entreprises visitées par les pilleurs ont été vidées de leur contenu avant d’être, pour certaines, incendiées. L’annonce de fermetures imminentes a provoqué un afflux d’automobilistes vers les dernières stations encore ouvertes. En quelques heures, les files se sont allongées et les cuves se sont vidées. Des ruptures de stocks ont été constatées, en particulier sur l’essence SP95, prisée par la majorité des véhicules particuliers. Faute de visibilité sur la réouverture des stations et la reconstitution des stocks, de nombreux conducteurs ont tenté de faire le plein « au cas où », alimentant mécaniquement la pénurie.
Aucune visibilité
Au-delà de l’inquiétude individuelle, le secteur du transport encaisse le choc. Transporteurs, taxis, livreurs et services d’urgence craignent des interruptions d’activité si la situation perdure. Les professionnels du fret évoquent, avec circonspection, des tournées réduites ou reprogrammées, sans calendrier clair. Certains parlent même d’arrêt de leur activité, à cause de l’insécurité. Dans les quartiers périphériques, les ateliers et petites entreprises dépendantes des déplacements quotidiens s’attendent à des ralentissements immédiats. Aucune date de retour à la normale n’était connue hier soir. Entre crainte et incertitude, les automobilistes s’organisent donc au jour le jour, tandis que les stations-service – fermées pour des raisons de sécurité – conditionnent leur reprise à l’apaisement et à la sécurisation des sites. En attendant, la capitale mesure l’ampleur d’un effet domino. Après les vitrines brisées, c’est désormais la mobilité urbaine qui se grippe.
Antsa R.