
Avec seulement 20 cardiologues pour près de 30 millions d’habitants, Madagascar fait face à une crise sanitaire alarmante. Les maladies cardiovasculaires, responsables de nombreux décès, ne bénéficient ni des ressources humaines ni d’équipements nécessaires pour une prise en charge efficace.
La cardiologie à bout de souffle. Madagascar ne compte que 20 cardiologues pour une population estimée à 30 millions. Cela signifie qu’un seul spécialiste est censé couvrir les besoins de 1,5 million de personnes, selon le cardiologue, le Dr Rolland Rakotonoel. Et la situation est d’autant plus préoccupante que la moitié de ces professionnels ont dépassé les 60 ans, tandis que les jeunes cardiologues, découragés par le manque de débouchés, cherchent refuge à l’étranger. « Le nombre de postes ouverts pour la spécialité en cardiologie lors du concours national d’internat qualifiant est extrêmement limité, parfois inexistant », déplore ce médecin avant d’ajouter que « contrairement à d’autres spécialités qui ouvrent entre 4 et 6 postes par an, la cardiologie reste marginalisée ».
Équipements
Dans un Centre hospitalier universitaire (CHU), seul un cardiologue diplômé assure les soins, les visites et l’encadrement des étudiants en médecine et paramédicaux. Les autres intervenants sont des médecins assistants. Ce déséquilibre met à rude épreuve la qualité de la formation et la prise en charge des patients. Le Dr Rolland Rakotonoel a également fait savoir dans la foulée que le service de cardiologie d’un grand hôpital public du pays ne dispose pas de CathLab, un équipement essentiel pour diagnostiquer et traiter les crises cardiaques par coronarographie et angioplastie. Il manque également un appareil Echo-Doppler cardiaque fonctionnel. Le seul appareil disponible, partagé avec d’autres services, est hors d’usage depuis longtemps. Résultat : les patients doivent être transférés en ambulance vers des établissements privés, à condition d’en avoir les moyens. « Malgré les ravages causés par l’hypertension, les AVC, les crises cardiaques et l’insuffisance cardiaque, la santé cardiovasculaire n’a jamais été considérée comme une priorité nationale. Pourtant, ces pathologies figurent parmi les plus meurtrières et les plus complexes à traiter. Il est temps que les autorités sanitaires revoient leurs priorités. Le cœur des Malgaches mérite mieux que l’indifférence », a-t-il conclu.
Narindra Rakotobe




