
C’est certain, la portée du cas Jean-Pierre Randrianamboarina a largement dépassé nos frontières. L’Association DIS-MOI, qui milite sur les droits humains et pour la citoyenneté dans les îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien, a également réagi face à ces faits de violence exercés sur l’étudiant par les Forces de l’ordre, diversement commentés à Madagascar et à l’étranger.
Extrêmement préoccupée. L’association DIS-MOI (Droits Humains dans l’Océan Indien) est sans doute la énième organisation à avoir réagi face aux violences exercées par les Forces de l’ordre sur l’étudiant Jean-Pierre Randrianamboarina lors d’une manifestation estudiantine dont il est l’un des meneurs, à l’université d’Ankatso. Une préoccupation dont l’objet est le comportement des Forces de l’ordre lors de cette manifestation demandant la reprise des cours à l’université. Les images diffusées à la télévision à Madagascar, relayées par divers canaux via la TV satellite ou postées sur Internet, ont ainsi fait le tour du monde. « Ces images montrent l’étudiant Jean-Pierre Randrianamboarina être roué de coups de pied et de matraque par une dizaine de gendarmes, alors qu’il est à terre dans l’enceinte de l’université. Il est ensuite tiré par les bras et les pieds et traîné sur plusieurs mètres avant d’être placé brutalement dans la benne arrière d’une voiture pick-up. Le jeune homme souffrirait depuis de multiples fractures… », commente l’organisation dans un communiqué.
Légal ? DIS-MOI interpelle, par ailleurs, sur les affirmations formulées sur le caractère légal de ces actes. « Contrairement à ce qu’ont déclaré certains membres des Forces de l’ordre dans les médias, le traitement réservé à Jean-Pierre Randrianamboarina n’a rien de légal. Dans l’exercice de ses fonctions, le policier ou le gendarme peut être amené à faire usage de la force mais il doit respecter des paramètres précis et utiliser une force proportionnelle à celle engagée par ceux qui enfreignent la loi et à la situation », rappelle Lindley Couronne, directeur de DIS-MOI. « Son rôle se cantonne à arrêter celui ou celle qui enfreint les règles de droit ou menace la paix et l’ordre public. Ce n’est pas lui qui décide des sanctions à appliquer… ». Et l’organisation de rappeler que ces principes sont garantis par des textes et conventions signés par Madagascar, notamment la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ratifiée par l’Etat malgache en 2005. « Quelles que soient les accusations portées contre Jean-Pierre Randrianamboarina, rien ne justifie l’usage d’une violence aussi disproportionnée à l’encontre d’un étudiant isolé, à terre et désarmé », a-t-il ajouté.
Sanctions. A l’instar des nombreuses autres organisations qui se sont déjà exprimées sur la question, DIS-MOI rejoint les opinions déjà formulées sur la nécessité de l’ouverture d’une enquête. Ce qui semble déjà être le cas, si l’on se réfère aux déclarations faites par plusieurs hauts gradés de la gendarmerie. L’association, pour sa part, abonde dans ce sens. « Les autorités malgaches doivent rapidement ouvrir une enquête publique et transparente sur ces événements. Même si des poursuites sont engagées contre des manifestants accusés de troubles à l’ordre public, il est crucial que les gendarmes ayant commis des violences soient eux aussi sanctionnés », poursuit-elle. « Les policiers et gendarmes sont les premiers défenseurs des droits humains : leur travail de protection et d’enquête doit garantir à chaque citoyen le respect de ses droits et de sa sécurité. Lorsque les Forces de l’ordre commettent des brutalités et des tortures, c’est la société toute entière qui est menacée. Les autorités malgaches ne doivent montrer aucune tolérance face à ces comportements », a-t-il été souligné. Rappelons que DIS-MOI est une organisation qui milite sur les droits humains et à la citoyenneté. Une de ses missions fondamentales est l’éducation aux droits humains.
Recueillis par Hanitra R.