Depuis la Première république, une photo encadrée du président de la République est obligatoirement accrochée sur les murs des bureaux administratifs pour satisfaire à la tradition républicaine, en symbole d’autorité, pour la continuité de l’État. La Présidence de la Refondation de la République de Madagascar a rompu la coutume et en optant pour un autre style, « pour éviter le culte de la personnalité ».
Sur la photo officielle, le chef de l’État a à sa droite le drapeau et derrière lui, 24 jeunes vêtus de tenues traditionnelles représentant les 24 régions de Madagascar, du jamais vu en six décennies. Anodin pour les uns, significatif pour certains, le cliché a tout de même sidéré la population. Oui, le changement commence par les choses les plus anodines. Les effigies des présidents qui se sont succédé appuient quelque part un caractère autoritaire. Ayant vécu une longue période monarchique, Madagascar, bien que son peuple vive dans l’ère constitutionnelle, tient compte de la conception d’antan. Cependant, au contraire du royaume merina du XIXè siècle, la représentation des ampanjaka était interdite étant donné qu’ils détenaient le pouvoir temporel et spirituel, malgré l’introduction de l’appareil photographique en 1853 à Madagascar. Alors, il a fallu attendre le début du XXème siècle pour que les rois et roitelets des régions puissent immortaliser leur figure. En revanche, l’image a été jalousement gardée par la famille royale.
Le juriste engagé dans la défense des principes républicains Paul Ratarika argumente qu’afficher le portrait d’un intendant a pour but d’informer les concitoyens. « Les villageois, lorsqu’ils se rendent dans les établissements publics pour des tâches administratives, par exemple, vont tout de suite reconnaître leur président à travers la photo ». En réalité, ceux qui résident au fin fond de la campagne ne savent pas qui gouverne faute de communication. En sus, les affaires publiques, la politique désintéressent bon nombre de personnes dans ces contrées.
Daniel Zaraina, spécialiste en science sociale et comportement, a un avis diamétralement opposé à celui précédemment cité. « La décision prise par la présidence s’avère exemplaire. Si auparavant nous avions un individu entouré de décors, cette fois-ci, nous voyons un chef d’État soutenu par son peuple », a-t-il constaté.
Iss Heridiny


