Chaque cyclone de catégorie supérieure ou égale à 3 peut engendrer une perte économique évaluée au moins à 100 millions de dollars.
Madagascar figure parmi les pays à hauts risques de catastrophes naturelles et les plus vulnérables au monde, selon World Risk Report 2016. Au niveau du continent africain, il est également le pays le plus exposé aux cyclones. Or, chaque cyclone de catégorie supérieure ou égale à 3 peut engendrer une perte économique évaluée au moins à 100 millions de dollars en enregistrant une cinquantaine de morts et plus de 150 000 sinistrés. Malgré de nombreuses mesures d’adaptation aux risques et catastrophes naturelles, adoptées au niveau national, depuis ces dernières années, la capacité d’y faire face et de résilience de la Grande île reste encore extrêmement faible. « Si nous ne ménageons pas nos efforts d’améliorer notre capacité d’adaptation surtout au niveau des communautés locales qui sont très vulnérables, les risques de fortes inondations comme en Chine et de canicule en Europe sont à craindre d’ici à 10 ans à Madagascar. Ce qui provoquerait un problème de sécurité alimentaire plus grave ». Le Pasteur Hubert Rakotoarivony, président du conseil d’administration du SAF/FJKM, l’a évoqué lors d’un atelier national sur l’engagement des acteurs nationaux concernés par les actions de réduction des risques de catastrophes et de résilience via le projet VdF (Vues de Front).
Changement de mentalité. Ce projet est initié par le GNDR ou le réseau mondial d’organisations de société civile travaillant ensemble pour renforcer la résilience des communautés les plus exposées aux catastrophes tandis que ce département en charge du développement au sein de l’église FJKM, assure sa mise en œuvre à Madagascar, et ce, depuis 2019 jusqu’en juillet 2022. « C’est une opportunité pour montrer la situation des communautés de base et d’analyser la gouvernance des risques et des catastrophes à Madagascar. Ce projet VdF vise d’ailleurs à renforcer l’inclusion et la collaboration entre les personnes à risque, la société civile et les gouvernements dans la conception et la mise en œuvre de politiques et de pratiques de Réduction des Risques de Catastrophes. Ce qui permettra de réduire les risques tout en renforçant la résilience du pays », a fait savoir le PCA du SAF/FJKM. Et lui de préciser que le changement de mentalité des communautés s’avère primordial pour leur permettre de prévenir les risques au lieu de les subir tout le temps.
Zones à risque. À Madagascar, ce projet VdF intervient dans quatre zones à risque. « Il s’agit notamment de la partie Sud de la Grande île qui est victime de la sécheresse. Les régions de Sambava et de Maroantsetra sont respectivement touchées par les vents violents et les inondations. Dans la région de Menabe, les cyclones et la sécheresse font ravage tandis que dans les Hautes Terres, les communautés ont du mal à faire face aux impacts des inondations. Ce sont nos zones d’intervention. Mais force est également de reconnaître que ce n’est pas seulement la partie sud de Madagascar qui est fortement touchée par la sécheresse. La région d’Ambatondrazaka qui constitue l’un des greniers à riz de la Grande île commence à en être victime en raison des effets néfastes du changement climatique suite à la destruction des écosystèmes et de la biodiversité et à la recrudescence des feux de brousse », a soulevé Isemaël Aubin Ndrinarimanoelina, le responsable technique du projet VdF au sein du SAF/FJKM. Et lui d’ajouter que ce sont des constats dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet au niveau des communautés ciblées dans ses zones d’intervention.
Draft national de plaidoirie. Ainsi, à l’issue de cet atelier national multipartite, l’engagement des acteurs nationaux sur le front en matière de réduction des risques de catastrophes et de résilience dans les actions de plaidoyer sera renforcé. « Le but est de consolider le processus de développement de la résilience de Madagascar, à la suite des conclusions et résultats des réalisations de l’initiative VdF dans le pays. Un draft national de plaidoirie est ainsi enrichi et validé par toutes les parties prenantes. Ce document servira d’outil pour interpeller l’État, la société civile et les communautés à renforcer la résilience face aux impacts du changement climatique qui restent encore incompréhensibles au niveau local même si l’on en subit déjà », a-t-il conclu.
Navalona R.