
La nouvelle mouture de la Commission électorale est loin, très loin, de convaincre l’opposition.
La nomination du représentant du président de la République est attendue dans les prochains jours pour boucler la liste des nouveaux membres qui vont composer la Commission électorale nationale indépendante. La semaine dernière, le nom du représentant de la Cour suprême a été connu à l’issue d’une élection qui confirme le nom de Tiana Randrianarivonantoanina pour siéger à la Commission électorale avec les sept autres noms qui ont été déjà décrétés par le chef de l’Etat. D’ici peu, la future Commission électorale sera bouclée avec neuf nouveaux membres. Mais la mouture qui est en train de prendre forme ne fait pas l’unanimité au niveau de la classe politique.
Verrouillage. Nous sommes à peine au démarrage du processus électoral et l’opposition émet déjà ses réserves. Et celles-ci ne sont pas des moindres. Réunies au Carlton samedi dernier, les figures de cette opposition qui abordent déjà la prochaine échéance présidentielle prévue en 2023 mettent en cause la crédibilité de la Commission électorale. « Je ne crois pas qu’elle sera réellement indépendante », a soutenu Marc Ravalomanana, samedi dernier. Ce dernier a fait le déplacement à Anosy pour assister à la conférence politique organisée par Roland Ratsiraka. L’ancien président ne croit pas, en effet, que « les prochains résultats électoraux proclamés par la future Commission électorale reflèteront les vraies aspirations du peuple ». Et le « verrouillage des institutions », selon toujours Marc Ravalomanana, est vu d’un mauvais œil par l’opposition.
Biométriques. « Le pays est en déclin, l’économie et le social vont mal » a, quant à lui, affirmé Hery Rajaonarimampianina, qui s’est adressé à l’assistance au Carlton par une vidéo postée depuis Paris, son lieu de résidence actuelle. Et « la pauvreté frappe davantage les Malgaches », analyse-t-il. La conjoncture est difficile, ont donc partagé les opposants pendant la conférence au Carlton. Roland Ratsiraka, lui, craint « une crise qui se profile ». Mais ce député de Toamasina I a également réclamé une révision des dispositifs en place en matière d’organisation des élections. « Les prochaines élections devraient être conditionnées par l’édition de nouvelles cartes électorales biométriques », a réclamé le président national du parti Malagasy Tonga Saina. Il n’a pas manqué d’émettre ses doutes sur la crédibilité de la Commission électorale.
Recomposition. Les discours tenus, samedi dernier, par l’opposition annoncent des signes avant-coureurs d’une contestation qui risque d’avoir lieu dans le cadre du processus électoral actuel. Et pour se sauver la face, « il est nécessaire de procéder à la recomposition des institutions électorales, notamment la Commission électorale nationale indépendante et la Haute cour constitutionnelle », a avancé Hery Rason, responsable juridique et redevabilité au niveau de l’Observatoire Safidy. Ce sera une option pour ces institutions de « gagner en crédibilité » selon ce dernier. Aussi, toujours selon ce membre de la société civile, « nous allons droit dans le mur si nous ne procédons pas à la refonte de la liste électorale qui sera suivie d’un audit indépendant du fichier électoral, la révision des lois électorales, le renforcement des capacités en matière de contentieux électoraux, l’accès égalitaire au niveau des médias publics ».
Rija R.