
Si les membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante ont rechigné à se rendre à Tsimbazaza, en revanche, ils sont allés à Mahazoarivo de leur propre… chef.
La CENI a refusé de répondre à la convocation ou à l’invitation (c’est selon) de l’Assemblée nationale, au motif qu’elle est une structure nationale indépendante. Une manière de laisser entendre qu’elle n’a pas de comptes à rendre à la représentation nationale qui est pourtant incontournable dans le domaine législatif. En effet, si l’une des missions de la CENI est de contribuer à l’élaboration du cadre juridique relatif au processus électoral, Tsimbazaza est un passage obligé pour l’adoption des textes y afférents. Force est toutefois de constater que c’est une indépendance à deux vitesses par rapport aux institutions, en voyant les membres de la CENI conduits par son président, se déplacer le 10 décembre dernier au Palais de Mahazoarivo pour « une visite de courtoisie » chez le Premier ministre.
Champion. Sans aller jusqu’à dire que c’est un acte d’allégeance, bon nombre d’observateurs interprètent ce déplacement à la Primature, comme un geste de reconnaissance envers le gouvernement qui a adopté au cours d’un conseil, le décret fixant les salaires et indemnités du président et des membres de la CENI qui oscilleraient entre 6 et 4 millions d’ariary par mois. Sans compter le carburant et le crédit pour le téléphone. Est-ce le prix à payer pour avoir des « élections libres, justes, transparentes et crédibles » ainsi que la garantie de l’authenticité du scrutin et de la sincérité du vote le 29 décembre prochain ? C’est digne de « Questions pour un champion » même si Julien Lepers vient d’être viré avec son célèbre gimmick : « Je suis, je suis, je suis… » « La CENI », pourrait-on répondre à la question de savoir « qui est mieux payé qu’un ministre ? ». Un traitement spécial qui justifie une redevabilité des membres de la CENI envers les contribuables pour ne pas dire devant les députés qui sont aussi des champions en matière de… chiffres.
R. O