La nouvelle République s’installe. Lentement, sans précipitation mais sûrement. Le Président de la République Hery Rajaonarimapianina a maintenant effectué plus de cent jours à la magistrature suprême du pays. Ce n’est certainement pas encore le moment de le juger à travers ses résultats. Son mandat ne fait que commencer. Il vient juste de mettre en place deux des institutions de la IVe République après son investiture. L’Assemblée nationale et le gouvernement. La première cherche encore à renforcer sa stabilité. Le second a encore du mal à trouver ses marques. L’après transition n’est guère aisée pour les décisions à prendre. Entre la politique de continuité et celle du changement, les choix sont embarrassants au point de ralentir le rythme des efforts à déployer.
Plus de cent jours
Les nominations se font au compte goutte. Mais elles ne sont jamais prises à la légère. Les conseils de gouvernement et de ministres se font plus rares qu’auparavant mais les décisions qui en découlent sont plus denses et surprenantes. Le dernier conseil des ministres s’est penché sur les commandements militaires. Les changements d’hommes sont inévitables. La Transition a fait son temps. Les nouveaux chefs militaires sont favorablement accueillis par le public même si pour certains observateurs, le vrai changement n’est que du théâtre parce que les nouveaux ne sont que les adjoints de leurs prédécesseurs. En d’autres termes, il n’y a pas vraiment de bouleversement, la politique de continuité prévaut. La question se pose aussi de savoir dans les coulisses de l’armée ce qui est prévu pour le Cmdn. Cette institution de la Transition n’est pas dans la Constitution de la IVe République. Elle gagnerait à être inscrite et légalisée par le moyen d’une révision de la loi fondamentale. Dans les ministères, l’assainissement, en revanche, est en marche. Des membres du gouvernement le pratiquent avec prudence, d’autres sont sans état d’âme face à l’obligation de résultats qu’ils veulent instaurer. Beaucoup de gens sont sur le qui-vive sur leur sort. Pour être rassuré, encore faut-il que les nominations des nouveaux responsables soient officialisées en conseil des ministres dans des délais raisonnables. L’attente et la lenteur est parfois l’ennemi de la volonté et de l’efficacité. Bref, plus de cent jours sont passés pour le nouveau régime au pouvoir. Les résultats obtenus pendant cette période sont loin d’être maigres au niveau politique, comme on a tendance à le penser. Le retour de la confiance des bailleurs de fonds, la mise en place progressive des institutions démocratiques, le soutien au gouvernement d’une majorité de députés à l’Assemblée sont des victoires non négligeables. Dans quelques jours, le Premier ministre pourra présenter la politique générale de l’Etat. L’étape est importante car elle marque le départ de la lutte contre la pauvreté. Après le chapitre politique, celui de l’économie.
Zo Rakotoseheno