
Ils ont été contaminés par la peste. Pris en charge au centre de traitement de la peste, ils partagent les tentes et les autres lieux de soins destinés aux malades de la peste pendant au moins huit jours. Vivre ensemble, de l’intérieur, cette maladie que la société craint tant, cela crée forcément des liens. Entre « compagnons d’infortune », car c’est bien comme cela que « les autres » les voient, bien qu’ils ne soient après tout que des patients comme les autres, des liens d’amitié se créent. Confidences, partages du vécu, échanges de numéros de téléphone, nombre d’entre ceux qui ont vécu dans leur chair cette épidémie de la peste, deviennent des amis à force de se côtoyer jour et nuit pendant plusieurs jours, en attendant la guérison pour pouvoir, enfin, rentrer chez eux. Leurs appréhensions sur le retour chez eux, le regard des voisins (la venue des équipes sanitaires mobiles pour désinfecter la maison et prescrire la chimioprophylaxie à toute la famille n’était certainement pas passée inaperçue), la crainte de la réaction des autres : collègues de travail, voisins, voire la famille hormis les conjoints et les enfants, bref, la peur de la stigmatisation… Ce sont autant de questions qu’ils se posent. Et quand le moment de la sortie de l’hôpital arrive enfin, les souhaits pour un prompt rétablissement, adressés à ceux qui doivent encore rester quelques jours de plus, prennent plus que jamais tout leur sens. Ils ont vécu la maladie ensemble, ils ont survécu.
Hanitra R.