Ce fut hier une journée plutôt mouvementée, mais il n’y eut aucune casse. Le mouvement de contestation n’a pas faibli, mais il a été contenu par des forces de l’ordre qui ont utilisé leurs moyens à bon escient. Le message véhiculé par les manifestants a évolué. C’est la pénurie d’eau et d’électricité qui a été à l’origine de cette descente dans les rues dont le cadre s’est, aujourd’hui, élargi à tous les maux qui minent la société malgache. A présent, ce n’est rien moins que la démission du chef de l’État qui est réclamé par les manifestants.
C’est l’armée qui a les cartes en main
Les rassemblements qui ont eu lieu à Ankatso ont montré que le mouvement n’a pas diminué d’intensité et que les mots d’ordre n’ont pas changé. Les manifestants ne se sont pas lassés de rappeler les raisons les ayant poussés à protester. Les maux de la société malgache ont été énumérés et il est nécessaire d’y remédier. Aux étudiants et membres de la génération Z, se sont mêlés de simples citoyens et des élus. La descente vers le bas de la rue d’Ankatso a été stoppée par des forces de l’ordre ne lésinant pas sur les moyens à leur disposition. Elles ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes les manifestants et ont arrêté le député d’Arivonimamo présent dans le cortège. Les escarmouches se sont poursuivis tout au long de la matinée, mais de petits groupes se sont constitués et se sont déplacés dans les quartiers périphériques, décidés à dresser des barrages. Une sorte de course poursuite a eu lieu entre manifestants et des éléments des forces de l’ordre, les premiers se dispersant dès l’arrivée des seconds. Il n’y a pas eu de casse, mais les bacs à ordures renversés et les détritus semés dans les rues ont occasionné la gêne des riverains. Aucune violence n’a été constatée de part et d’autre. Le mouvement de contestation n’est cependant pas prêt de s’éteindre. Il existe dans toute l’île. Les grandes villes de province sont elles aussi le siège de manifestations. Les revendications sont les mêmes, mais celle qui est maintenant mise en avant, c’est la démission du chef de l’État. Cependant, pour l’instant, il ne s’agit que d’un vœu pieux. C’est l’armée qui a les cartes en mains.
Patrice RABE