La maîtrise d’au moins cinq arts aide les politiciens à parvenir à leur fin. Ils doivent absolument savoir dessiner un beau paysage politique, prononcer des phrases philosophiques, créer une mise en scène et une chorégraphie, et chanter des refrains faciles à retenir. Oui, cette profession nécessite de faire preuve de créativité.
L’ubiquité du parti au pouvoir est indéniable. Les membres et les secrétaires généraux font feu de tout bois pour planter des oranges dans toutes les localités car c’est peut-être la dernière ligne droite. Souvent, on entend dire, « La politique à Madagascar. C’est tout un art ! »
Les présidents qui se sont succédé n’ont jamais bouclé leur deuxième mandat. À la lumière de ce constat, des dispositions ont été prises. Pour ce faire, avant les élections, les dirigeants des régions analysent les dossiers des prétendants. Aussitôt, des «casting» sont également organisés ici et ailleurs afin de recruter les principaux acteurs qui incarnent le rôle du gentil – sociable dans le feuilleton Madagasikara tsy maintsy mandroso. Hormis ce talent, ces baladins doivent satisfaire à deux critères indispensables : l’opulence et l’influence. La prestance ainsi que l’allure seraient des atouts. En d’autre termes, la scène politique s’est transformée en plateau théâtral. Les hommes publics sont devenus des comédiens…
Peuple-spectateur. Ici, l’arène politique est plus sanglante que Gladiator de Ridley Scott. Pour dire que les Oscars et les Grammy Awards devraient être attribués à nos politiciens, de véritables artifices. À cette capacité, s’ajoute le talent de l’organisation des événements festifs, la campagne électorale. Et comme l’assistance repose dans les bras de Morphée, il faut faire vibrer la salle. Les choix se portent souvent sur le mafana de Smaven, le kawitry de Jerry Marcoss, ou encore le tria-tria de Big MJ. Donc, après une longue sieste, le peuple-spectateur se dirige vers la piste pour se libérer du fardeau de la vie. Ensuite, il s’efforce à écouter les contes de fées. Ô combien de fausses promesses ont été dites, à part les dîners aux chandelles organisés tous les soirs par la grande société Jirama ! Sans vulgariser, les Malgaches demeurent dans une caverne… En effet, la population est à bout de souffle. Il désire que ce cinéma cesse. Mais, l’éreintement l’oblige à applaudir avec onction. Cette faiblesse, les metteurs en scène s’en servent pour l’aduler davantage… L’art de gouverner, dans la Grande-île, demeure une théorie du changement. C’est aussi savoir conjuguer infiniment le verbe développer au futur. Apparemment, le développement ne s’observe qu’à travers des lunettes VR. Si la croissance économique de Madagascar était une danse, elle serait le moonwalk de Michael Jackson.
Iss Heridiny
Un tableau bien brossé de la vie politique du pays n’est pas facile à faire quelque que soit la qualité de l’encre et du compas dans l’œil du peintre
C’est une autre forme d’art qui apparaît ici.
Car à vrai dire, la vie politique qui se projette à l’écran ressemble fortement à une gamme de jeux avec ses nuances : à titre d’exemple : » Fanorona « , jeu de poker, jeu d’échecs, PMU best , jeu des dupes, jeu du chat et de la souris, jeu de loto, jeu de qui perd,gagne,.. etc. Parfois, celui qui perd au jeu ; risque de perdre la tête.
À chacun de jouer le jeu !