
Les trois grands futurs candidats à l’élection présidentielle de 2018 ont intérêt à avoir des poulains au sein de cet organe chargé d’accorder l’amnistie.
Le grand oral des candidats admissibles pour la sélection des 22 membres « élus » du Conseil du Fampihavanana Malagasy a débuté hier au Sénat à Anosikely pour se terminer le 14 août prochain. Ce sont les candidats issus des régions de la province d’Antananarivo qui ont ouvert hier la valse. Les 9 membres du comité de sélection national constituent le collège du Jury durant ce grand oral. Le Général Monibou Ismaël a fait exception car ne pouvant être physiquement présent à Anosikely, il a pu interroger les candidats depuis Antsiranana par vidéoconférence. A bien lire la liste des admissibles à la sélection des futurs membres du Conseil du Fampihavanana Malagasy, plus d’un constatent que les trois grands futurs candidats à l’élection présidentielle de 2018, à savoir Hery Rajaonarimampianina, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, y ont leurs poulains. Ce qui explique l’important enjeu politique dans la mise en œuvre de cet organe qui sera chargé de la réconciliation nationale. Force est également de reconnaître que l’ancien président Didier Ratsiraka a aussi ses hommes dans la course à Anosikely, pour ne citer que les Mangalaza Eugène, Jean Jacques Rasolondraibe, Boanoro Henri Victor…
Egalité des chances. Si on parle d’égalité des chances entre les trois grands futurs candidats, elle existe et elle est même autorisée par la loi n°2016-037. Cette loi prévoit que le futur CFM sera composé de 33 membres dont 22 « élus » et 11 désignés par le président de la République. Ce « privilège présidentiel » semble déjà compromettre la neutralité de cet organe qui aura également la charge d’accorder l’amnistie à ceux ou celles qui en ont besoin. Reste pourtant à savoir si après la publication du résultat de la sélection effectuée par le Comité de sélection national, publication prévue le 16 août, le président Hery Rajaonarimampianina ne va pas attendre longtemps pour nommer les 11 membres de son quota. A rappeler que le chef de l’Etat n’a pas jusqu’ici désigné ses représentants (1 titulaire et 1 suppléant) au sein du Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et de l’Etat de Droit (HCDDED) alors que ceux des autres entités qui ont le droit d’y être représentés sont connus depuis longtemps. Même constat au niveau du Sénat où le sénateur désigné Ahmad (quota présidentiel), devenu président de la CAF, n’est pas encore remplacé. De même, celui ou celle qui doit prendre la place de Yvonne Lala Herisoa Raharison Ranoroarifidy (décédée en mars 2017) au sein de la HCC n’est pas encore connu. Par ailleurs, le président de la République n’a pas jusqu’ici constaté par décret la mise en place de la Haute Cour de Justice dont les membres sont déjà au grand complet. En tout cas, à l’allure où vont les choses, le Conseil du Fampihavanana Malagasy risque de connaître le même sort que le HCDDED et la Haute Cour de Justice.
R. Eugène