La situation dans le Sud de Madagascar interpelle au-delà de nos frontières, à la veille de la COP26 à Glasgow.
«… la preuve de l’urgence de la crise climatique nous vient du Sud de Madagascar, où la pire sécheresse depuis 40 ans a provoqué l’assèchement des rivières et des pénuries alimentaires dramatiques qui obligent certains à se nourrir de cactus ou de fourrage pour le bétail », a déclaré l’ONG WaterAid, jeudi dernier. La situation est telle que les communautés sont poussées à prendre des mesures désespérées pour survivre.
Le Sud de Madagascar a souffert d’un important déficit pluviométrique pendant plus de deux années, entraînant la pire sécheresse depuis 1981. Les statistiques sont sans équivoque : 70 % des personnes n’ont pas accès à l’eau potable de base et 50 % de la région a un besoin urgent d’aide en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène. L’appel lancé par les Nations unies vise à fournir une aide alimentaire à 1,3 million de personnes et un accès à l’eau potable à 800 000 personnes. Selon les Nations unies, Madagascar pourrait être confrontée à la première famine due au changement climatique.
Du vécu. Depuis des décennies, les conditions de vie des populations du Sud par rapport à l’accès à l’eau, sont particulièrement rudes : plus d’une demi-journée pour la collecte de l’eau, une tâche attribuée à la femme et aux filles. Avec la sécheresse causant e tarissement des rivières et des cours d’eau, cette tâche quotidienne devient impossible. Des témoignages recueillis par WaterAid Madagascar dans le Sud permettent de se rendre compte de l’étendue du problème. Florine Azefotsy, 55 ans, fait partie des femmes qui passent sept heures par jour à collecter de l’eau depuis leur domicile dans la commune de Berano, dans la région d’Androy. L’assèchement du fleuve Mandrare, le plus proche de son village, l’amène à se tourner vers d’autres activités pour avoir de l’eau : vendre du café pour acheter de l’eau à des prix qui ont déjà augmenté jusqu’à 15 fois la moyenne. Ironie du sort, le nom de sa commune, Berano, signifiant « eau abondante », est en « parfaite » inadéquation avec la situation car la région est plus connue pour être le « haut lieu » du « kere », signifiant « famine ».
Cette quinquagénaire est nostalgique des années passées et fait part de son amertume : « Nous étions autrefois une grande communauté agricole, capable de se nourrir, mais depuis que la pluie ne vient plus régulièrement, les choses ont changé ». A tel point qu’elle et sa communauté ont connu la famine. « Au début, nous avons commencé à nous emprunter de la nourriture les uns aux autres dans l’espoir que demain apportera une solution. Mais ensuite, il n’y avait plus rien à manger ou à emprunter dans le village, nous n’avions plus rien. Nous avons commencé à manger des cactus et tout ce que nous pouvions trouver pendant des jours ». La sécheresse et le manque de nourriture atteignent les plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées.
Financement adéquat. Avec la tenue imminente de la COP26, l’ONG WaterAid plaide en faveur du sud malgache dont la situation est en grande partie en lien avec le changement climatique. Rappelons que WaterAid à Madagascar intervient au niveau stratégique pour renforcer le secteur de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène, en apportant son soutien au développement de la politique nationale, de la stratégie et des plans sectoriels. L’organisation veille à ce que le Changement Climatique et spécifiquement l’Adaptation soit intégrée dans ces documents stratégiques. L’organisation souligne, cependant, que la mise en œuvre effective de ces politiques nécessite un financement adéquat qui devrait provenir du financement climatique.
Recueillis par Hanitra R.