Les statistiques officielles de la production d’or ne sont pas crédibles. De l’or en quantité énorme sort des frontières nationales par des moyens frauduleux. Bon an, mal an, les forces de l’ordre mettent la main sur de l’or en barre à l’aéroport d’Ivato, voire dans l’avion comme ce fut le cas récemment de la dernière prise de la gendarmerie. 22 kilos de lingots d’or ont été découverts sous un siège dans l’avion en partance pour Bangkok en Thaïlande et Guanghzou en Chine. Une enquête a été ouverte pour identifier les membres du trafic. Une chose est sûre, c’est un réseau bien rodé de complicité qui permet le trafic au niveau de l’aéroport international. Les prises antérieures des forces de l’ordre à Ivato révèlent des quantités non négligeables. Mais très souvent, la transparence n’accompagne plus les enquêtes qui s’ensuivent jusqu’au bout. Où sont passés les stocks d’or saisi depuis ? Aucune statistique officielle ne le révèle.
Changement encore lent
Le trafic de bois de rose aussi perdure à cause des réseaux bien huilés et surtout de la corruption. Les trafiquants ont de moins en moins de marge de manœuvre face à un régime qui a choisi la «tolérance zéro » comme slogan. Des stocks importants ont été découverts à Antalaha. Leurs propriétaires qui se cachent ou se sont enfuis font l’objet de recherche. Le Bianco est saisi pour les investigations à leur encontre. Le président de la République Hery Rajaonarimampianina est conscient « de la mise en coupe réglée de nos ressources naturelles» lorsqu’il a évoqué le jour de son investiture qu’il «veut un Etat qui protège nos ressources naturelles, un Etat contre les trafics en tout genre et grâce à l’engagement des forces armées, de la gendarmerie et de la police nationale». La lutte contre les trafiquants est intensifiée dans ce sens. Elle n’est pas facile mais complexe car les trafiquants qui ont accumulé des gains et des fortunes énormes usent de tous les moyens possibles pour se défendre et ne pas être inquiétés. Mais la culture de l’impunité est révolue. Le président de la République veut rétablir la confiance dans l’Etat, en se donnant comme objectif la lutte contre l’impunité. Il a déclaré faire de la lutte contre la corruption, l’une de ses principales priorités. L’opinion se réjouit aujourd’hui de l’efficacité manifestée par le Bianco. Même si son rattachement à la présidence de la République peut limiter sa marge de manœuvre, ses actions conduites dans la transparence lui donnent une meilleure image que par le passé. Ses investigations sur les affaires de détournements de biens et de deniers publics sont suivies par le public avec intérêt. Mais le pays n’est pas au bout de ses peines. Le changement est encore lent pour être vraiment significatif.
Zo Rakotoseheno