
Le chômage frappe la population de Toliara. Le nombre des sans emplois ne cesse de croître à un rythme effréné alors que les offres sur le marché du travail se font de plus en plus rares. Plusieurs associations se sont alors ralliées pour une cause commune.
Intenable. La misère tend à se généraliser dans la région Atsimo-Andrefana. Le chômage rend la situation de plus en plus difficile et la suspension de Base Toliara, le projet d’extraction d’ilménite, n’a fait qu’aggraver la situation.
Cauchemar
Masy Zafimitsiry Joséphine ne sait plus à quel saint se vouer. Mère célibataire, elle s’occupe seule de ses deux enfants. Du temps où elle était encore employée de Base Toliara, tout allait encore pour le mieux car sa petite famille vivait dans un logement décent et elle pouvait encore la nourrir convenablement et payer les frais de scolarité de ses enfants. Mais le cauchemar a commencé depuis la suspension de Base Toliara qui a entraîné un licenciement économique dont elle est parmi les victimes. « On a été obligé de quitter notre maison pour déménager dans un quartier pauvre où les loyers sont plus bas », raconte-t-elle les larmes aux yeux. Quant à ses enfants, à peine si elle arrive à les nourrir. Masy Joséphine n’est évidemment pas un cas isolé. A Toliara, de nombreux jeunes vivent dans la précarité totale, faute d’emploi. « C’est honteux ». C’est ainsi que le Président de l’association Fikambanan’ny Tanora Miray Hina eto Toliara (FITAMITO) résume leur vécu quotidien. « C’est honteux car il arrive parfois à des jeunes de repérer les villages où il y a une famille endeuillée pour s’y rendre afin de pouvoir manger », précise-t-il pour montrer à quel point la situation n’est plus tenable. Et pour cause. A Toliara, les offres d’emploi se font de plus en plus rares car les entreprises qui ont fait la renommée de la région ont pour la plupart disparu. Toliara est encore et toujours ce cimetière de projets. Et ce, malgré ses énormes potentiels et ses ressources humaines de qualité mais réduites parfois à conduire les cyclo-pousses pour se faire un peu d’argent. Pire, le recours à la prostitution est de plus en plus fréquent chez les jeunes femmes.
Explosion sociale
Face à ce chômage de masse qui risque de se transformer en explosion sociale, les associations montent au créneau pour interpeller les autorités. Le Plateforme des Associations pour le Développement de Toliara (VFMT) estime par exemple qu’il est plus jamais temps pour les autorités locales et nationales de prendre les mesures qui s’imposent. « C’est le moment d’agir pour éviter que la situation ne dégénère », déclare Andriamihajamanana Vice-Président de cette association. « Le kere frappe le Sud du pays et Toliara n’en est pas épargné. Or nous n’avons pas les moyens d’ y faire face, car les activités génératrices de revenus disparaissent peu à peu », ajoute-t-il en faisant remarquer que « l’augmentation du nombre de chômeurs ne fait qu’aggraver l’insécurité ». En tout cas, la population tuléroise interpelle l’Etat et le met face à son engagement. Les hommes politiques ne sont évidemment pas en reste. A l’instar du Sénateur Marcel Eogombelo qui milite plus que jamais pour la création massive d’emplois. « La priorité pour parvenir au développement de Toliara est la création d’emploi », annonce l’élu en rappelant que « le Président de la République a promis plusieurs grands projets, comme la cimenterie censée être installée dans la région Atsimo-Andrefana. Mais en attendant, le Sénateur Marcel Eogombelo estime qu’il faut rendre opérationnels les projets déjà existants.
Levier de développement
Une manière de se référer au projet Base Toliara qui, pour lui, peut constituer un levier de développement pour cette région. Mais qui, malheureusement à cause de la suspension, a été obligée de licencier plus d’une cinquantaine de salariés. Des salariés qui crient famine et qui interpellent le Président de la République Andry Rajoelina pour que ce dernier prenne les choses en main pour une reprise des activités de Base Toliara. Le même appel au secours à l’endroit du Chef de l’Etat est lancé à Ranobe, le Fokontany le plus impacté directement par le projet Base Toliara. « Laisser Base Toliara travailler et nous aider, afin qu’elle puisse également honorer ses engagements », déclare Davy, le Président du Fokontany. Faut-il en effet rappeler que Base Toliara, dans le cadre de sa responsabilité sociétale d’entreprise, prévoit notamment des travaux dont la construction de 96 nouveaux tombeaux, des puits, et autres infrastructures sanitaires et scolaires. Base Toliara s’est même engagé à racheter les plants cultivés par une association de femmes de Ranobe. Des jeunes plants qui risquent tout simplement d’être jetés dans le « grand…eau » si le projet minier de Ranobe ne reprend pas.
R.Edmond