La présidente de l’Assemblée nationale est partie pour enfoncer le régime à l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire du Parlement. Elle appelle au dialogue et condamne la violence des répressions.
Hier, lors de l’inauguration de la session ordinaire de l’Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa, la présidente de cette institution, s’est élevée au-dessus du brouhaha partisan pour livrer un exposé d’une franchise sans précédent, secouant les fondations du paysage politique malgache. Dans un discours prononcé en français, elle n’a pas mâché ses mots, exprimant ouvertement ses préoccupations quant à la situation actuelle. Dès le début de son intervention, Christine Razanamahasoa a jeté un pavé dans la mare, déclarant : « le pays va mal et le peuple se sent désabusé ». Cette affirmation retentissante fait écho à cette réalité marquée par ces événements politiques récents qui ont ébranlé le pays. Le mouvement du Collectif des onze candidats est au centre des attentions et fait face à l’intransigeance de l’exécutif et à la fermeté des forces de l’ordre. Christine Razanamahasoa n’a pas hésité à dénoncer ce qu’elle a qualifié d’« utilisation abusive de la répression morale et politique ». La présidente de l’Assemblée nationale a continué en affirmant que « nos concitoyens se révoltent » contre cette répression.
Influente minorité
Durant cette sortie alarmante, Christine Razanamahasoa sonne également le tocsin sur l’état de la démocratie dans le pays. « La démocratie se dégrade fortement » alerte la patronne de la Chambre basse. Durant son discours inaugural d’hier, elle a dénoncé les choix politiques du régime qu’elle qualifie de « mauvais et démesurés », des décisions qui, selon elle, s’opposent de manière flagrante aux principes fondamentaux de la démocratie et aux droits humains. La juriste regrette alors les différentes violations des fondamentaux de la démocratie. « Quand, ensemble, nos peuples souhaitent s’exprimer, on ne leur accorde ni l’espace, ni la parole », a soutenu, hier, la présidente de l’Assemblée nationale. « Quand les élus projettent de rencontrer leurs électeurs, cela, dans certains endroits de notre pays, s’apparente à une révolte et à un affront contre une influente minorité », poursuit-elle. Cependant, ce n’est pas seulement la démocratie qui est en jeu, selon toujours Christine Razanamahasoa, mais aussi la paix nationale. Elle met en garde et affirme que « les germes des provocations pour une guerre fratricide sont visibles et ne cessent pas de s’amplifier ».
Spirale de crises
Les élections ne seront pas alors l’issue idoine pour dénouer la situation actuelle, estime la présidente de l’Assemblée nationale. « J’étais tentée d’aborder l’approche par la voix du peuple qui seul détient la solution. Mais, le contexte sur le non-respect des valeurs et des normes m’ont vite dissuadée », soutient-elle. En effet, si les consultations sont tenues dans les conditions actuelles, les conséquences risquent d’être incommensurables, insinue-t-elle. « Dire que dans les conditions actuelles, seule la consultation du peuple par la voie des urnes est l’unique solution, alors que les normes morales et les normes universelles sont loin d’être remplies, ouvre la voie vers une spirale de crises », prévient-elle.
Blocage à des fins personnelles
Christine Razanamahasoa soutient alors le dialogue qui est déjà initié par « les différentes forces vives de la nation, les structures religieuses et la communauté internationale qui, jusque-là, ne cessent de chercher les issues et les résolutions pouvant nous sortir de ce blocage inhérent somme toute à des fins personnelles au détriment des intérêts communs ».
Mais la présidente nationale a particulièrement mis l’accent sur le rôle que devrait jouer la communauté internationale. « J’exhorte la communauté internationale car il y a urgence à agir, le temps n’est plus à la diplomatie », soutient-elle. En effet, « les consultations de toutes les forces seront nécessaires, les consultations et les échanges de vues avec les pays amis de Madagascar se feront, et l’entente et la collaboration constructive avec les forces de l’ordre seront établies », affirme la patronne de la Chambre basse.
Rija R.