Ely Rabemiarana, désormais ancienne représentante résidente de Christoffel Blindenmission (CBM) à Madagascar, tire sa révérence, après 31 ans de carrière bien remplie, au service de cette organisation chrétienne internationale et surtout, au service des personnes en situation de handicap, bénéficiaires des soutiens de CBM.
La santé oculaire en général et la lutte contre la cécité en particulier, ont longtemps été le cheval de bataille de Ely Rabemiarana durant les 25 années qu’elle a passées au sein des structures d’appui, de prise en charge et d’éducation des personnes non voyantes. Autant d’années où elle a travaillé aux côtés de CBM et durant lesquelles elle a pu se former, grâce à des bourses octroyées par la mission, pour devenir opticienne et réfractionniste. Dans la foulée, une opportunité s’est présentée, toujours grâce à des bourses d’études, pour lui permettre d’étoffer ses connaissances en matière d’ophtalmologie, puis en management et plus tard, en santé publique dans le cadre de la vision 2020, un programme mondial lancé par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) et plusieurs ONG internationales, dont l’objectif est d’éliminer la cécité évitable d’ici à 2020. Tout cela a contribué aux solides expériences de Ely Rabemiarana acquises étape par étape à force de persévérance, son leitmotiv. Ainsi, rien d’étonnant si elle se voit proposer par le bureau régional de CBM, qui décide en 2008 de créer un bureau permanent à Madagascar, le poste de représentante résidente. Elle sera alors l’un des rares représentants résidents nationaux d’un bureau au pays de CBM dans la région Afrique.
Challenges. En 2009, en pleine crise politique et dans un climat social tumultueux, Ely Rabemiarana relève le défi et prend ses fonctions à la tête de CBM Madagascar. A cette époque, les missions de l’organisation sur le sol malgache viennent de prendre, un an auparavant, une nouvelle orientation et dans une dimension beaucoup plus large. En dépit de l’importance du challenge, les expériences antérieures de Ely Rabemiarana lui ont permis de bien appréhender sa mission. Entre autres objectifs, il était surtout question de pérenniser les projets déjà soutenus par CBM à cette époque. Ce sera chose faite en 2013, puisque tous les programmes, hormis un seul qui continuait à être appuyé par l’organisation, sont devenus pérennes. « Les capacités dormantes des chefs de projets ont pu être réveillées, grâce à un travail d’accompagnement très bénéfique pour les projets », se réjouit-elle. A l’image de ce qu’elle observe dans la société malgache, Ely Rabemiarana estime important de pouvoir faire valoir les véritables potentiels de chaque personne. « Il y a énormément de gens prêts à contribuer au développement de ce pays, mais il leur faut de bons leaders », conclut-elle à ce propos.
Source d’énergie. Les années suivantes, le travail de réseautage des projets et de toutes les parties prenantes dans le domaine du handicap, dont les fédérations, associations et organismes divers, a fait un grand bond en avant. Tout comme le volet « réhabilitation à base communautaire » auquel CBM accorde une place importante, ces dernières années. Quant aux centres soutenus par l’organisation, la réhabilitation de plusieurs centres d’éducation d’enfants non voyants et malentendants, réalisée de 2013 à 2015 avec Orange Solidarité, a pu être réalisée. Cela a eu pour effet une nette amélioration de la qualité de vie des petits pensionnaires de ces centres. Sa référence : ses propres enfants. « Je regarde toujours si les lits, les mobiliers, l’environnement de vie que nous offrons aux enfants de ces centres conviendraient à mon enfant. Si c’est le cas, je suis satisfaite et pas autrement, car ces enfants méritent les mêmes choses que celles qui conviendraient à mon propre enfant », confie-t-elle. L’un de ses enfants, justement, est à l’origine de cette énergie débordante que Ely Rabemiarana consacre sans discontinuer depuis plus de 30 ans, aux enfants handicapés. Et ce, lorsqu’il lui a lancé du haut de ses 6 ans, après une visite avec elle chez des enfants déficients visuels à Antsampandrano : « Maman, tu devrais revenir ici très souvent t’occuper de ces enfants. Ce n’est pas grave si tu seras souvent absente, il faut que tu prennes soin d’eux ». Elle l’a fait. Et cela a duré 31 ans ! La cause des enfants, et avant tout le respect de leurs droits, lui tiennent particulièrement à cœur et cela transparaît dans ses activités au sein de CBM. « Nous avions établi un plan de vie pour les enfants pris sous nos ailes, à travers une prise en charge personnalisée pour chacun d’eux. Il ne faut surtout pas les forcer à entrer dans un moule car les enfants handicapés ont aussi des droits et leur choix est important. Nous faisons tout pour que ce choix soit respecté. J’en fais une affaire personnelle car je ne supporte pas la maltraitance des enfants et je me bats pour eux », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter que les voir heureux dans leur monde est sa plus grande satisfaction.
Passer le flambeau. Désormais, au terme d’une longue carrière au sein de CBM, le temps est venu pour elle de faire un autre choix. « Ce choix, certaines personnes ne l’ont pas compris, mais je reste intimement convaincue que dans la vie, il faut savoir arrêter », explique-t-elle. D’autres horizons s’ouvrent maintenant à Ely Rabemiarana , en se consacrant beaucoup plus à sa famille qu’elle rejoindra bientôt à l’étranger. Là où elle s’adonnera certainement à ses autres passions : la décoration et la cuisine. Non sans toujours avoir dans un coin de son cœur, l’organisation à laquelle cette femme aussi positive que combative a consacré sa carrière. « On peut enlever la femme du CBM, mais on ne peut pas enlever CBM de la femme que je suis », conclut-elle… Désormais, c’est Lila Ratsifandrihamanana, nouvelle représentante résidente, qui prend les rennes de CBM Madagascar.
Hanitra R.
