
Christophe Bouchard a eu un tête-à-tête avec le Cardinal Désiré Tsarahazana. Le projet de transport par câble à Antananarivo, financé et défendu par la France, est un dossier qui a fait réagir l’Eglise catholique.
Christophe Bouchard, ambassadeur de France, a compris une chose : l’Église catholique dans le pays est un acteur majeur de la vie nationale. Selon l’ambassade française, le diplomate a rencontré récemment le cardinal Désiré Tsarahazana. Même si la date et le lieu de la rencontre ne sont pas indiqués, une photo publiée par l’ambassade atteste que l’entretien a été aussi assisté par le Père Séraphin Rafanomezantsoa, secrétaire de coordination de la conférence épiscopale de Madagascar. « Des échanges chaleureux et enrichissants qui ont permis de faire un point éclairant sur la situation de l’Église catholique dans la Grande Île », note ainsi l’ambassade. Du côté des catholiques, on préfère rester discrets sur cette rencontre haute en symbole.
Jésuite. Aucune information ne découle de cette rencontre entre le diplomate français et l’homme fort de l’Église catholique à Madagascar. Pourtant, le dossier téléphérique à Antananarivo est d’actualité dans la relation entre l’Église catholique et le gouvernement. Ce projet de transport par câble, mis en œuvre par le régime et défendu par le gouvernement français grâce à un financement à hauteur de 150 millions d’euros du trésor public français, a attiré, récemment, les foudres de la communauté jésuite de St-Michel. Le passage des infrastructures du projet dans l’enceinte de l’école St-Michel Amparibe est contesté par les jésuites qui se sont levés, en effet, contre le projet. Face à la pression des catholiques, l’Etat a revu sa copie et recule devant les jésuites.
Bruno Le Maire. Christophe Bouchard est-il alors venu à la rescousse pour négocier avec les dirigeants catholiques malgaches afin de sauver la face de ce projet ? Veut-il miser sur l’influence du cardinal Tsarahazana pour tenter d’apaiser les esprits au sein de la communauté jésuite et l’archevêché d’Antananarivo, lesquels n’ont pas affiché, pour le moment, leur volonté de donner libre cours à l’installation des infrastructures du projet dans le domaine d’Amparibe. L’ambassadeur français s’est-il mobilisé pour défendre la ligne de Bruno Le Maire, ministre français en charge de l’Economie, des Finances et de la Relance, sur le projet téléphérique ? Pour l’exécutif français, le projet téléphérique présente des intérêts économiques non négligeables pour la France.
Emploi. Torpillé par deux sénateurs français, Pierre Laurent et Patrick Chaize, le projet financé par le trésor public français est défendu bec et ongles par le gouvernement Castex. « Ce financement permet de mettre en avant le savoir-faire français et de préserver l’emploi dans un contexte de sortie de crise économique mondiale », a soutenu Bruno Le Maire, en réponses aux questions posées par ces deux sénateurs français. « L’entreprise POMA, qui emploie 1 200 salariés, est un des leaders mondiaux du secteur. Le projet permet de maintenir dans l’emploi l’ensemble des salariés et à POMA de disposer d’une solide référence en Afrique où d’autres projets similaires pourraient être développés », a poursuivi le ministre français de l’Economie, des Finances et de la Relance. La mise en œuvre de ce contrat, toujours selon ce dernier, est d’autant plus importante pour l’entreprise dans un contexte où, en raison de la crise sanitaire, les stations de sport d’hiver ont fonctionné au ralenti (en France, ndlr) en décalant de nombreux projets d’investissement de transport par câble.
Rija R.