Certains observateurs ne manquent pas de relever que Madagascar mène une diplomatie à la petite semaine, c’est-à-dire de manière spontanée, sans réfléchir à l’avenir, à court terme. Voilà quand on oublie les Agents Diplomatiques et Consulaires formés à l’ENAM, on ne peut que s’en mordre les doigts.
Le fait qui illustre cette médiocrité de notre diplomatie a été à son comble lorsque l’on ne tarit pas d’éloge sur « un dictateur préféré », dixit Donald Trump, on vous laisse juge de cette appréciation et de son auteur.
Peut-être pressé par les promesses de velirano, le président demande à tout-va et à tout le monde de le soutenir dans leurs réalisations. Mais ce faisant, a-t-on pensé que l’on brûle les relations tissées auparavant même si elles tardent à se traduire en actes et ne nous tournons pas le dos aux autres partenaires potentiels. « Nous » sollicitons le soutien du président Abdel Fattah al-Sissi pour la construction de « nouvelles villes ». Mais apparemment leur « Tanamasoandro » ne fait que prolonger un peu plus une mégalopole déjà engorgée, « Avant même d’être habitée, la nouvelle ville touche déjà Le Caire. Dans quelques années, elle va s’agrandir et sera complètement absorbée et cela ne fera qu’ajouter aux problèmes de gestion d’une forte concentration de population dans un espace encore plus grand », selon Galila el-Kadi, urbaniste de l’Institut de recherche pour le développement. Exactement, le même scénario qu’on aurait vu chez nous. Pour le transport en commun, la gestion par les responsables du métro ne fait pas école, non plus, avec les hausses intempestives de son coût pour les usagers dans un pays où la Banque mondiale en avril 2019 souligne que 60 % de la population égyptienne vit dans la pauvreté ou la précarité. Quant au soutien pour la construction d’autoroutes auquel nous tenons tant, on ne nous dit pas qu’un scandale éclate actuellement dans ce pays, il est relatif d’une part à la mise en chantier de deux autoroutes sur le plateau -tenez-vous bien- des pyramides, l’un des sept merveilles du monde encore debout. Et d’autre part, « Au Caire, l’État construit une autoroute à 50 cm des immeubles » titre un journal cairote, c’est dire le peu de fiabilité des techniciens à qui nous sollicitons assistance.
Enfin et là où le bât blesse pour notre diplomatie, ce sont ces accointances avec un dirigeant mis au ban de plusieurs nations, de plusieurs organisations civiles pour le caractère dictatoriale du « Maréchal » Abdel Fattah al-Sissi. La liste des entorses, même les plus élémentaires des droits de l’Homme, est longue. Voici quelques informations qui ne font pas honneur à celui qui dit admirer le leadership de notre président : « Selon Amnesty International, de juillet 2013 à avril 2016, sous le régime du maréchal al-Sissi, 40 000 personnes ont été arrêtées ou sont poursuivies pour des raisons politiques, 700 personnes au moins ont été placées en détention sans procès depuis plus de deux ans, plus de 500 disparitions forcées ont été recensées depuis mars 2015, 538 condamnations à mort ont été prononcées en 2015 et 1 400 manifestants ont été tués entre août 2013 et janvier 2014. L’ONG note également un recours généralisé à la torture en détention ».
En septembre 2017, Human Rights Watch affirme à son tour que 60 000 personnes ont été arrêtées depuis 2013 par le régime d’al-Sissi et dénonce une utilisation régulière de la torture par la police et les officiers de l’Agence de sécurité nationale, ayant notamment provoqué la mort d’au moins 30 personnes entre août 2013 et décembre 2015. Parmi les sévices rapportés figurent : « Chocs répétés avec pistolet électrique paralysant, coups de poing ou de barre de fer, placement dans des positions douloureuses ou encore viols et menaces de viol ». Et parmi les clous où sûrement des échanges d’expériences ont été faits, mais on ne le rapporte pas, elle a trait à la construction de jolie et nouvelle prison géante, alors qu’écrit le reporter de cette information, des écoles sont démunies des équipements les plus modestes. Paranoïa, narcissisme et folie des grandeurs, il y a de quoi, le disciple peut prendre exemple sur le mentor, image qui sera véhiculée tant que notre diplomatie demeure sans envergure.
M.Ranarivao