L’histoire se passe dans un monde imaginaire. Un village se trouve à la croisée de grands axes où les lots se trouvant sur le bord de route brassent des richesses parce que le commerce y fleurit et la vie est toute en rose tandis que, ceux, en arrière-plan, eux se trouvent démunis avec une population pourtant plus nombreuse. Il est évident que leurs trains de vie respectifs sont différents. Comme dans toute organisation, des décisions doivent être prises, surtout, dans la distribution de la richesse pour arriver à l’harmonie, le bien-être de l’ensemble. Qui dit généralement preneur de décision, dit détenteur du pouvoir. Alors que faire ? Éternel problème du leadership d’un espace déséquilibré où certains ont tout mais ne peuvent tout, faute de poids démographique et d’autres plus lourds en nombre mais n’ont rien parce que mal lotis. « Démocratie, démocratie j’écris ton nom ! » chanteraient certains. Utopie que de penser que l’on vive dans le meilleur des mondes, où les nantis sacrifient un tant soit peu de leurs « atouts » au profit de hordes d’affamés, au risque de perdre ou même d’écorner, même une partie, de ses capacités de s’imposer dans les décisions. Et surtout, fait important, de ne pas pouvoir reproduire « les rapports de forces productives » dixit un certain Marx. Utopie aussi de croire que, le seul poids – la masse – puisse être l’arme absolue de domination donc de décider tout, surtout quand la majeure partie de sa composante a foi et est donc à la merci de quelques sots esprits. Ces gens- là ne connaissent du Bord De Route que de sa beauté et de la renommée du Village qu’elle apporte.
Mais le genre humain, dans l’imaginaire comme dans le réel, est passé maître de trouver, un juste milieu qui satisfait toujours un temps, une solution sans qu’elle résolve définitivement un problème. Dans notre village, un consensus a été adopté. Désormais, à l’arrière-plan tout ce qui relève des prérogatives de ce qu’on appelle l’Etat : La Justice, la Défense, la Diplomatie … l’intégralité des grandes décisions. Bref, l ‘honneur d’être le chef et le représentant reconnu du village. Tout ? Sauf le droit de s’ingérer dans les affaires du Bord de Route (mode opératoire et répartition) en contrepartie ce dernier assure au Chef de village sa sécurité et la stabilité de son pouvoir. Comment ? En distribuant, avec parcimonie des subsides ici et là, en haut et en bas à des ballasts qui équilibrent le navire. Jusqu’ici, le village vit tranquillement même si des curieux, surtout étrangers, ne sont pas en accord sur cette franchise mais tout semble baigner comme dans le meilleur des mondes. De toutes les façons, tout prétendant à la succession forcée ou normale du Chef du village sait qu’il doit compter sur le Bord devenu le Centre de gravité du Pouvoir.
Mickey RANARIVAO