La seule chose dont on est sûr, il paraît, est qu’on est l’enfant de sa mère. Quant au père, même la mère des fois n’est pas certaine de qui elle tient cet enfant qu’elle a mis au monde. Ceci étant, si doute il y a, on peut toujours se référer à la corbeille des inconnus. Comme la tombe du soldat inconnu, il est « personne » mais parent de tout le monde. Miracle du génie humain qui efface les questions embarrassantes, l’officier d’État-civil se contente d’annoter ce qu’on lui dit après les deux points : Père Inconnu ou un Tel sans s’en préoccuper.
Puis, le plus à plaindre est le père qu’on n’appelle pas papa, parce qu’un autre s’est attribué le titre et a laissé en héritage son patronyme, il n’est plus qu’un père « décalé » et oublié, il se morfond tout seul ; ou parce que la maman a trouvé un autre jugé plus capable de s’occuper d’elle et de son rejeton. Il n’a suffi que de biffer son nom sur l’acte de naissance; ou encore ce géniteur, que la famille de la jeune fille ne voulait pas et qui s’est empressée de trouver un étalon au meilleur pedigree pour faire « bonne famille ». Ou encore, que dire de cet enfant dont on ne veut révéler le père, qui ne sait pas non plus qu’il a quelque part un enfant, à eux deux, ils ont fait perdre l’occasion d’un souhait de « bonne fête » qui aurait pu faire leur bonheur.
Mais aussi, il y a des heureux plus que d’autres lors de cette fête des pères. D’abord ces pères adoptifs que les enfants aiment de tout leur cœur, mais en même temps qui tiennent plus qu’aux prunelles de leurs yeux à leur père biologique, puis ces pères plusieurs fois, puisqu’ils sont pères d’enfants qui sont eux-mêmes pères. Aucune fête des grand-pères ne peut rassembler des souhaits de « Bonne Fête Papa » en cascade.
Enfin, il est difficile de ne pas penser à ces pères disparus dont la descendance ne peut plus exprimer de vive voix leurs souhaits, mais les remplace en silence avec des larmes aux coins des yeux.
Ceci étant « Bonne fête » à tous les pères, car il y en a toujours un, à côté ou loin, connu ou inconnu, qui s’ignore ou non.
M.Ranarivao