Cabale, sermon et grand pardon.
Ces trois mots suffisent pour résumer le séisme politique vécu ces derniers temps. Cabale d’abord, parce qu’il s’agit bien d’une cabale qui s’est liguée contre le Premier ministre, Christian Ntsay, et son équipe. Il s’en est fallu de peu que le pays vive l’épisode malheureux vécu par le pouvoir Rajaonarimampianina avec les 73 députés montés contre lui. Le précédent président en a vu de toutes les couleurs avec même un simulacre de son convoi funèbre sur la place du 13 mai. On s’est demandé si Christian Ntsay ne va pas vivre un scénario qui le mettrait sur le fauteuil de Premier ministre mais dans le sens inverse. Les 105 députés se voyaient déjà le huer. Et même André Rajoelina et sa garde rapprochée entrevoyaient une logique de crise.
Puis est venue la grande messe de l’Aréna où, tel un César, le président a pointé le pouce vers le bas, signe de mise à mort des « traîtres ». Là tout le monde en a eu pour son grade et le parterre tout penaud a connu la colère du maître et que des pleurs, il paraît, ont été vus. Des néo-opposants se sont vite reconvertis en ardents défenseurs, jurant leur indéfectible allégeance au pouvoir. Et comme toujours, des propos abracadabrants ont été donnés pour tenter d’expliquer comment on en est venu à cette crise de confiance qu’est la motion de censure. Des histoires de gros sous, des intrigues de la haute politique ont été évoquées mais personne n’est en mesure de donner une version crédible. Des valses hésitations de démission ont alimenté les travées du pouvoir mais personne n’est encore en mesure de pointer du doigt la personne instigatrice de ce séisme politique. Mais pour finir, le Premier ministre est resté à son poste et le Président grandi dans cette affaire. Si le coup vient de lui-même, alors chapeau parce que comme artifice de communication, on n’en fait pas meilleur.
Et pour assainir le tout, vient le grand pardon, il n’y a pas d’expiation avouée des fautes commises mais les discours prônant la stabilité, la cohésion et l’imploration de vouloir le bien du pays sont si ardents qu’ils démontrent plutôt la hâte d’en finir et d’oublier cette destitution avortée. Si cette motion de censure vient vraiment des députés de l’obédience du pouvoir alors c’est un avertissement à l’endroit des tenants de ce régime qu’il doivent tenir compte à quelques encablures des grands rendez-vous électoraux. En ce moment, on ne jouera pas pour du beurre comme cette fois-ci.
M.Ranarivao