Feuilletons ces scènes de la vie quotidienne des femmes malgaches qui disent plus long que les discours officiels que tout le monde n’écoute pas comme il se doit.
D’abord, Madame Marie, mais on l’appelle, Mama, vendeuse de mokary sur la route de Mahabibo à Majunga. A la voir, on la compare à Ringo Star le célèbre batteur des Beatles. Assise sur son petit tabouret sur lequel elle pivote au milieu de sa batterie d’ingrédients et d’ustensiles divers, elle promène ses louches sur les grosses et petites marmites, et toute la matinée elle n’arrête pas de parler car comme toute bonne Majungaise , Mama est férue de « Kalizy » et elle en est fière.
Puis Zetty, mère de trois enfants, elle arpente le long de la RN7, elle a fait déjà combien de kilomètres, on ne le sait pas, mais là voilà, le panier sur la tête, son dernier sur le dos, le second tenu à la main et la première qui la suit dernière. Et tous les jours, c’est son lot quotidien pour aller au marché et elle ne s’en plaint pas, puisqu’elle est femme et elle s’en résigne.
Et, il y a Mamy, toujours entre four et clavier, elle est dans le télétravail, un boulot moderne. Toute la journée, elle pianote, avec à côté, dans son landau son petit, elle a fait des études mais faute de boulot elle ne trouve pas mieux pour subvenir aux besoins de son fils et d’elle-même. Faute de grive elle se contente de merle, comme elle aime à se répéter.
Enfin, Saholy, dans ses bottes, casque et combinaison de la parfaite panoplie d’ingénieur d’électromécanique, puisqu’elle a fait de longues études de mecs et elle en est fière, au milieu, de ces ouvriers qui ont l’âge de son père. De quoi sera fait demain, elle ne sait pas mais pour le moment elle est fière d’elle.
Quelques images qui se passent de commentaires car on est en 2020 à Madagascar. Avec leurs difficultés et leurs espoirs, elles sont loin des discours officiels de ces dames aux propos théoriques.
Et l’on ne peut que remémorer ce passage des Femmes Savantes de Molière : « Je consens qu’une femme ait des clartés de tout, – Mais je ne lui veux point la passion choquante – De se rendre savante afin d’être savante ; – Et j’aime que souvent aux questions qu’on fait, – Elle sache ignorer les choses qu’elle sait ; – De son étude enfin je veux qu’elle se cache, – Et qu’elle ait du savoir sans vouloir qu’on le sache, – Sans citer les auteurs, sans dire de grands mots, – Et clouer de l’esprit à ses moindres propos.
Les femmes savantes : (Clitandre, acte Ier, scène 3).
M.Ranarivao