Si l’on demandait à deux partisans, l’un de l’IRD et l’autre du Tim, ce qu’ils pensent de leur candidat respectif à la mairie d’Antananarivo, que diraient-ils ?
Le premier dirait d’emblée qu’on ne pouvait trouver meilleur choix pour briguer un poste aussi important. Un homme cultivé fin connaisseur du monde des affaires capable de discuter et de rassembler les investisseurs potentiels pour faire bouger les limites structurelles (historiques , démographiques, économiques et sociales…) de la capitale de Madagascar. Porté par un courant politique en état de grâce, il ne peut que rallier avec son passage dans la diplomatie les hésitants. Avec son sens du discernement de l’ancrage traditionnel de la population d’Antananarivo et des besoins de modernité d’une jeunesse en quête de changement, il est vraiment l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
Certains diront que « né avec une cuillère d’agent dans la bouche », il est à des kilomètres des préoccupations et des aspirations des couches populaires défavorisées qui constituent pourtant la majorité de l’électorat du courant présidentiel lors des dernières élections . Cette même frange semble la plus inquiète des attendus sur le plan de l’occupation du sol avec les bouleversements récurrents du projet « Tanamasoandro ». Tranche élective, d’ailleurs, plus sensible à la propension au changement d’avis car agit en fonction du court-terme,il lui faudra manœuvrer habilement pour la rameuter de nouveau, et ce n’est pas acquis d’avance.
Le second, partisan du TIM ou simplement de Ravalomanana, semble plutôt perplexe à l’annonce de la candidature de leur poulain. Car voilà un illustre inconnu du grand public, n’ayant pas fait partie de l’équipe « historique » proche de l’ancien président, qu’il va falloir soutenir. Les fidèles passionnés comme lui du mouvement ont paru d’abord abattus, abasourdis du retrait de la course de Ravalo, chef qui incarne, pour eux, un sens aigu du nationalisme, l’homme au discours franc et qui prône dans tous les domaines « l’excellence malgache ». Et pourtant les communales pour eux présentent deux enjeux, la gestion de la capitale et à la fois l’existence d’une logique d’alternance en réalisant la matérialité d’un contre- pouvoir. Ainsi au-delà des élections, il s’agit pour eux, de la survie de leur mouvement qui est en question.
Mais pour lui, il s’agit de « faire contre mauvaise fortune bon cœur», c’est-à-dire en d’autres termes, s’adapter à de nouvelles situations. Un jeune de 36 ans technocrate à souhait va gommer cette apparence d’immobilisme et de caractère dynastique du pouvoir que l’on tente d’inculquer dans l’opinion, bref l’idée de relève de la classe politique qui va se réaliser tout en maintenant les valeurs prônées par le fondateur du parti est avancé comme argument. Ainsi « Une opposition, pour beaucoup et de tous bords sera un frein à une hégémonie (suprématie politique, économie et sociale) fatalement précaire et contraire à la stabilité, comme l’a montré l’histoire contemporaine du pays. » sera l’idée maîtresse de la campagne.
M.Ranarivao