Qu’importe de qui est cette citation, de Voltaire, du prophète Mahomet ou d’Antigone 2 ? Mais toujours est –il que les actualités récentes prouvent que les dirigeants politiques doivent toujours l’avoir à l’esprit.
D’abord, au « Pays du matin calme », la Corée du Sud, où la présidente Park Geun- hye, va faire les frais d’une procédure de destitution, car elle est impliquée dans une affaire de trafic d’influence. La source du scandale est, en fait, Choi Soo-sil, une amie très proche voire une confidente de la présidente. Celle-ci a été arrêtée et doit être jugée pour extorsion et abus de pouvoir .Surnommée la « Raspoutine » sud-coréenne, cette dernière est accusée d’avoir utilisé ses relations d’amitié avec Park pour forcer les groupes industriels à verser 70 millions de dollars à des fondations douteuses, et de s’être servie de ces dernières comme tirelire personnelle. Elle est aussi soupçonnée de s’être mêlée des affaires de l’État. Et pourtant, Park Geun-Hye n’a personne qu’elle au monde. Elle n’a ni mari ni enfant et donc peut se prétendre d’être invulnérable au népotisme. « Je n’ai pas de famille à surveiller, pas d’enfants qui hériteront de mes biens », avait-elle dit lors de sa campagne en 2012. « Je veux me consacrer à la Nation et au peuple ». Et voilà que son amie de longue date lui a fait un enfant dans le dos comme on dit vulgairement.
Puis, il est vrai qu’en politique, on est obligé d’être galvanisé pour l’adversité, une tension permanente qui isole en fait et ,le recours à des amis soi-disant sincères (ou qu’on croit comme tels) est indispensable pour se relâcher. Les trahisons dans son camp font plus que mal quand elles se sont faites au nom de la confiance qu’on accorde à leurs auteurs. Ce qui a fait dire à Arthur Schopenhauer, philosophe allemand du XIXe siècle : « Les amis se prétendent sincères, or ce sont les ennemis qui le sont » ou le prophète Mohamed qui a dit » si tu aimes une personne, aime le avec modération, car elle sera peut-être un jour ton ennemi et si tu détestes quelqu’un fais-le avec modération, car il sera peut-être un jour ton ami » Tenez ces paroles pour vrai politiciens !
Enfin, la dernière fois que l’expression en titre de cette chronique a été prononcée publiquement, ce fut le 27 mars 1993, jour de l’investiture de Zafy Albert comme premier président de la IIIe République. Le Professeur aurait dû en tenir compte parce que l’empêchement qui l’a destitué du pouvoir trois ans plus tard ne pouvait venir que de ses alliés. « Mon Dieu, gardez- moi de mes amis… »
M.Ranarivao