Quand les actualités nous relatent les « exploits » de tel ou tel escroc avec à la clé des sommes qui pour le commun des mortels relèvent de l’abstrait. Il y a de ceux qui disent : Ils sont comme vous et moi, on a les mêmes besoins et comme tout le monde, eux, aussi font travailler leurs neurones pour « travailler le moins pour gagner plus ». Et l’on est étonné quand une victime raconte le malheur dont elle a été victime, mais avec le temps, une fois les larmes séchées, avec philosophie une pointe d’admiration. Ainsi va la vie conclut-on. Qui nous dit que les grands de ce monde n’ont pas compris que les intelligences démoniaques à leurs égards peuvent être détournées à leurs profits.
Au Japon, par exemple, il est de notoriété publique qu’à la tête des grands groupes économiques siègent d’anciens leaders syndicaux. Quoi de plus logique parce que ces derniers connaissent la psychologie ouvrière et donc savent comment juguler leurs aspirations. Résultat, il y a un apparent consensus social et ce au profit d’un management social qui contribue au développement de l’entreprise. Les mêmes grandes entreprises comme leurs homologues étrangères, pour faire face à la cybercriminalité, recrutent parmi leurs cadres des anciens pirates informatiques ou hackers. Quoi de plus normal, seuls les empoisonneurs sont habilités à trouver des antidotes. Non, il ne faut pas commencer à faire l’apologie de la malhonnêteté, mais il n’empêche que bien des fois les « malfaiteurs » usent de leur talents, malgré eux, dans la mauvaise direction.
Un jeune employé d’une banque de la place a délesté son entreprise de plus de 400 millions d’ariary et il a effectué sa «soustraction frauduleuse » comme on dit dans le jargon juridique sans violence ni effraction. Ses employeurs doivent regretter qu’un tel talent n’ait pas pu être utilisé autrement comme auditeur des procédures de sécurité, par exemple. Il faut avouer que ces personnages auteurs de vol de haute volée font preuve d’ingéniosité qui forcent, malgré tout, l’admiration et même plus ,quand ils y mettent un grain de romance. Là, ils sont à mettre dans la tablette des gentlemen cambrioleurs. Arsène Lupin, héros imaginaire des temps modernes résume à lui seul notre sympathie .Pour ces casseurs au grand cœur qui ne volent que les riches antipathiques. Ils sont déjà absous de leurs actes bien avant leur arrestation et de leur jugement. Malheureusement de nombreux jeunes rêvent de « start-up » à leurs manières illicites ou non pourvu qu’ils aboutissent à un joli magot.
En ces périodes difficiles où de longues années d’études ne constituent plus un levier social, pourquoi s’étonner que des jeunes voulant vivre un modèle de vie étalé avec la mondialisation de l’information (voiture, villa de luxe et fêtes permanentes) et ne mettent pas leur énergie à faire des raccourcis pour l’enrichissement rapide. Quand les résultats du baccalauréat s’affichent à moins de 40%, il ne faut pas se dissimuler derrière les insuffisances du système scolaire mais de mettre à nu la réalité déguisée de l’abandon scolaire. Le modèle social est totalement à refonder. Quand Albert Spaggiari, auteur du casse du siècle avec plus de 29 millions d’Euros actuels à Nice écrit suite à son forfait : « Sans armes, sans violence, sans haine » ce n’est que la traduction d’un mal- être, d’un appel au secours, d’un gentleman cambrioleur malgré lui. Leur motivation ne vient que de leur profonde frustration.
M.Ranarivao