« Non, tu ne vas pas quand même me fracasser le crâne avec ce moellon… Non, ne vois-tu pas que je pourrais être ton père… Ne sais-tu pas qu’il ne vous appartient pas, vous les enfants, de juger les parents… N’as-tu rien retenu de ce que l’on t’a appris de la sagesse malgache sur le respect des anciens… Ne sais-tu pas ce qu’on entend par Droit à la vie… « Tu ne tueras point » dans les «Dix commandements» de ton Dieu, tu es censé le connaître non ? Qu’as-tu de plus comparé à un pauvre ignare, toi, l’étudiant supposé être leader du futur du pays.» Le temps est long et tant de choses peuvent passer dans la tête de ce « vieux voleur de campus ». En une fraction de seconde que d’images ont du défilé devant lui et que des mots de supplications auraient voulu sortir de sa bouche. Cet instant des yeux dans les yeux des deux personnes où la grande aiguille d’une montre n’a pas fait son tour, devait lui paraître une éternité. Quand on sait que le cerveau survit encore quelques minutes après la mort, le malheureux a du entendre à son grand désespoir posthume non pas des cris d’horreur, mais des cris de joie. On sait bien que plus on est nombreux, plus l’intelligence collective diminue, l’instinct grégaire est l’ennemi de la lucidité, mais tout de même venant d’étudiants une telle mise à mort ne peut que révolter. Comment un bachelier même le plus cancre peut ignorer à ce point la valeur de la vie humaine et soit si étranger du droit le plus élémentaire de l’Homme, mais en plus il est en deuxième de droit. « L’interdiction de la torture, des peines inhumaines ou dégradantes et l’interdiction de la détention arbitraire » formant les actes de l’Habeas Corpus ou acte sur les libertés individuelles est normalement enseigné dans les premiers mois des facultés de droit dans la matière IED (Introduction à l’Etude du Droit) ». Et même s’il a raté le cours, que de fois des affichettes, des spots à la radio ou à la télé ont fait état du caractère illégal des vindictes populaires. Mais ces appels, il les a dédaignés. Et dire, qu’il aurait pu devenir magistrat.
Il est sûr que ce vindicte non pas populaire, mais d’élite ne peut que ternir davantage le monde estudiantin, déjà décrié pour sa tendance à manifester pour des dotations sans obligation de résultat. La « franchise universitaire » normalement imaginée pour protéger l’esprit de tolérance au sein des campus couvre en réalité des incivilités et sert de passe droit. Ce qui s’est passé dernièrement au campus de Mahajanga illustre cette dérive quand des étudiants ont été radiés par le conseil de discipline, leurs collègues n’ont trouvé de mieux que de se mutiner avec des armes. La responsabilité peut être collective comprenant les parents, l’école en général, les autorités civiles et religieuses, en tout cas, notre Université, ce temple du savoir, fout le camp.
M.Ranarivao