Pour un beau coup politique en voilà un ! On laisse pourrir une situation et on arrive en sauveur, comme « Zorro est arrivé ! ». On fait une d’une pierre deux coups : On fait taire un problème insoluble et on pavoise du résultat obtenu sur un autre dont la solution est, somme toute, à portée de main. L’handicap de ce pays est celui du pourvoir en électricité, les principales villes sont au bord de l’explosion sociale surtout dans les grandes agglomérations, puisque le monde rural, de toutes les façons, sait qu’il est encore étranger à toute politique durable d’électrification. Comment faire pour étouffer toutes velléités de révolte qui conduirait à un renversement du pouvoir en place ? On le sait dans un pays comme Madagascar la sphère sociale et celle de la politique sont comme deux vases communicants, un trop plein de l’un va remplir l’autre.
La sécheresse qui sévit dans la capitale fait tarir les cours d’eau asséchant ainsi les terres agricoles et surtout risque de priver les habitants de quoi boire et se laver pour résumer. Habituellement, pour parer à de tels problèmes, des « vannes » de sécurité existent et il ne tient qu’à les ouvrir. Il est fort à parier que cette procédure est connue du plus simple technicien de la Jirama ou de ce ministère de l’Eau (né seulement de l’avidité de pouvoir des « transitistes»). Tout ce beau monde connait l’existence du lac de barrage de Tsiazompaniry, créé il y a soixante-ans et construit à cet effet. Qu’est-ce qu’on a fait ? On laisse apparaître le lit de l’Ikopa créant une psychose de coupure totale d’eau. Les responsables en rajoutent en montrant les pompes défectueuses parce que le niveau du lac de Mandroseza est trop bas pour son bon fonctionnement et en plus, jouent les affligés parce qu’il ne reste plus que quatre jours de réserve d’eau. La population panique et comme toujours cherche des solutions car dans l’inondation comme dans la sécheresse, elle sait qu’il lui faut d’abord compter sur elle-même. Le compte à rebours commence à être égrené, et voilà, en sauveur Monsieur le ministre arrive et tire de son chapeau comme un magicien la solution de génie : « Ouvrir les vannes de Tsiazompaniry et l’eau arrivera – justement – dans le délai exact de quatre jours » Déclaration officielle qui ne semble attendre que des « Hourra !»
Ainsi un foyer est éteint mais l’incendie nommé délestage persiste encore. Le principe du contre-feu qui consiste justement à brûler la lisière d’un grave incendie pour arrêter ce dernier a marché. La promesse de mettre fin à ces coupures répétées de courant est du coup moins assourdissant surtout que des fusibles ont sauté à la tête de la JIRAMA. « Il faut estimer comme un bien le moindre mal ». disait si bien Machiavel dans Le Prince.
M. Ranarivao