Toute l’île est envahie par le virus Covid-19 et la tempête Ana, les images de désolation fusent de partout, les visages éplorés des proches des disparus du coronavirus sont visibles aussi quand ce ne sont pas des airs hagards de sans-abri devenus naufragés dépouillés de tout ce qu’ils ont, englouti, par ce déluge d’eau. Les autorités et les forces vives de la nation se démènent tant qu’elles peuvent pour alléger le malheur qui frappe la population désemparée.
Toute l’Île, Non… Quelque part, il y a des îlots pour ce vendredi 28 janvier, des lieux qui semblent être épargnés du malheur. Des coins où les temples dénommés Epi-bar accueillent les fidèles des dieux Djama, THB et Vodka. Ils se rassemblent pour se recueillir et fêter la fin de la première lune de l’année. Des halos de fumée à l’odeur de viandes boucanées leur font office d’encens, des musiques aux rythmes endiablés sont leurs cantiques et ces ouailles chantent et dansent comme envoûtés par leurs dieux. De temps en temps, ils lèvent leurs calices au ciel, et les vident de ce qui leur paraît être la sève du bonheur puis suit leur liturgie formée de mots propres à ces lieux de délivrance,on y décèle l’incantation de leur mère, de leur sœur et d’autres « sanités » inconnues des infidèles de ces temples. Là tout n’est que luxe et volupté, tout n’est que culture du vinus couronnés vinus, là on tombe le voile qu’on nomme ailleurs masque, là on implore la forme élevée ou aggravée de l’adoration de Bacchus. Dehors, les mécréants, les infidèles ont beau demandé à leurs prêtres d’exorciser ces impies mais rien n’y fit, tous les soirs ces temples d’un autre dieu ne désemplissent pas. Sans compter que les dîmes versés lors de ces messes font envier de par leur montant les autres religions.
Ces gens-là, ne connaissent pas les arches ( tant bien qu’il y en a des évadés d’un moment) où s’entassent les nouveaux indigents n’attendant que les eaux baissent et implorent le ciel que les pandémies disparaissent. Leurs vêpres odorantes de leur breuvage les font ignorer ce qui se passe autour d’eux.
« Izany lesy ny aty aminay ! » ( c’est comme ça chez nous), chante Princio. Oui, il y a ici des malheureux qui se noient et des malheureux qui noient leur détresse dans l’ivresse. Mais tout le monde chante et prie.
M.Ranarivao