L’Amérique était loin en ce temps là. Voilà qu’elle nous fut proche par prisme interposé, Elvis Presley et James Dean étaient venus à nous, en plus dans une langue compréhensible. Nombreux étaient les candidats à cet exercice mais lui dépassait tout le monde de la tête et des hanches, l’imitation était telle que l’image extraite était aussi réelle sinon plus que le modèle lui-même. La magie a opéré, la Voix de son maître s’est métamorphosée en Vogue.
Stop ! Mea culpa, quelles âneries j’ai pu raconter en supposant que Johnny n’était qu’un ersatz de vedettes américaines ou qu’il n’était qu’un pur produit du show business… Encore pardon, qu’il accepte mes excuses avant qu’on ne le mette en terre aujourd’hui quelque part dans les Antilles françaises. Il a fallu que je voie une émission de FR3 sur le chanteur pour que la vérité me soit révélée. Sur sa naissance et son enfance, d’abord, « Fils de personne » il l’a été vraiment puisque son père, ce fameux Smet n’a voulu le retrouver que par intérêt. Puis, son enfance d’artiste, il a voulu très tôt vraiment apprendre la comédie et la musique. ll a été pris, entre de bonnes mains comme celles de personnes sérieuses comme Serge Reggiani, Charles Aznavour, l’auteur de « Retiens la nuit » excusait du peu. Enfin, «Hey Joe » de Jimmy Hendrix, j’ai cru toujours que ce n’était qu’une vulgaire traduction qu’il a faite, or ils étaient vraiment amis et c’était le génial guitariste qui lui a demandé de sortir en même temps le disque, l’un en anglais l’autre en français. En fait, sa discographie n’est en fait que l’histoire de sa vie. Sa disparition à quelques jours près de celle du grand romancier journaliste politicien Jean d’Ormesson a fait naître la polémique comme quoi on ne peut mettre au même rang les deux décès. Un grand de la littérature ne se compare pas avec quelqu’un qui pousse des chansonnettes ! Finalement, on a opté pour les obsèques nationales (avec tout le protocole) pour l’académicien et au rocker des obsèques populaires défilé s d’amis et tout le monde dans un mode simple mais solennel et vous savez où était le monde. Les quatre générations défilant ou amassé le long du cortège funèbre ont prouvé que près de soixante ans de métier ne peut se reposer que sur une communion de reconnaissance et de respects réciproques, celle qui vient du cœur même si on appelle le genre de variétés.
M.Ranarivao