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mercredi, mai 14, 2025
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Chronique de Mickey : “Lesabotsy” et “Le Petit Chose” même galère

Ifanihy, un chanteur bien de chez nous, raconte dans l’une de ses chansons l’histoire de « Lesabotsy » un élève pauvre débarqué au milieu de camarades de classe qui, eux, sont issus de familles aisées. Dès la rentrée, son vieux manuel « Lala sy Noro » réduit en lambeaux parce que hérité de ses aînés lui faisait tellement honte qu’il s’est résigné à le remettre dans son cartable. Puis de fil en aiguille, il a commencé à se faire ignorer en se mettant au fond de la classe, ensuite de ne venir que de temps en temps pour enfin abandonner définitivement l’école.

« Ce qui me frappa d’abord, à mon arrivée au collège, c’est que j’étais le seul avec une blouse. À Lyon, les fils de riches ne portent pas de blouses ; il n’y a que les enfants de la rue, les gones comme on dit … On disait : « Tiens ! il a une blouse ! ». Le professeur fit la grimace et tout de suite me prit en aversion. Depuis lors, quand il me parla, ce fut toujours du bout des lèvres, d’un air méprisant. Jamais il ne m’appela par mon nom ; il disait toujours : « Hé ! vous, là-bas, le petit Chose ! » Je lui avais dit pourtant plus de vingt fois que je m’appelais… À la fin, mes camarades me surnommèrent « le petit Chose », et le surnom me resta… Ce n’était pas seulement ma blouse qui me distinguait des autres enfants. Les autres avaient de beaux cartables en cuir jaune, des encriers de buis qui sentaient bon, des cahiers cartonnés, des livres neufs avec beaucoup de notes dans le bas ; moi, mes livres étaient de vieux bouquins achetés sur les quais, moisis, fanés, sentant le rance ; les couvertures étaient toujours en lambeaux, quelquefois il manquait des pages». Ces lignes sont tirées de l’œuvre intitulée « Le Petit Chose » d’Alphonse Daudet, un écrivain français (1840-1897). Ce passage faisait l’objet de lecture en neuvième ou huitième, il y a une cinquantaine d’années. Et des enfants en ont été marqués ou même en ont eu des larmes aux yeux.

Lesabotsy et Le Petit Chose font état de toute la détresse du monde que vivent, au fond d’eux même, ces élèves miséreux plongés dans un milieu qui n’est pas le leurs et illustrent au-delà des grandes thèses le pourquoi des échecs scolaires ou le rôle de l’éducation dans la reproduction sociale. Combien de Mozart avons-nous assassiné ainsi ? Heureusement, une infime minorité a pu sortir de ce cercle vicieux : « Lorsqu’on s’appelle, le petit Chose, il faut travailler deux fois plus que les autres, pour être leur égal… » et d’anciens Lesabotsy sont devenus des grands de ce monde à force de frustrations devenues sources de motivation.

M.Ranarivao

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