Déjà la rentrée scolaire, du moins pour les tout-petits et particulièrement pour les 5-6 ans. Pour eux, la grande épopée commence. Adieu la maternelle où l’on a appris à faire pipi, à chanter ou à faire la sieste. Ils vont intégrer la grande, la vraie école, qui à la fin de l’année doit les faire savoir lire, écrire et compter. S’il est un outil pédagogique toujours présent depuis que leurs grands-pères ou même leurs arrières-grands-pères ont franchi comme eux les portes de l’école c’est bien le livre de lecture Méthode Boscher ou « La Journée des tout-petits ». Quel destin qu’à vécu ce manuel depuis sa première édition en 1905 et réédité plusieurs fois, il paraît que chaque année rien qu’en France il s’en vend encore 80 000 exemplaires ! Ce succès, le petit écolier malgache n’y est pas étranger et même si leur maîtresse ne le prescrit pas dans leur programme scolaire, les parents l’achètent en catimini pour soutenir chez eux leur progéniture dans l’exercice de lecture. Nostalgie quant tu nous tiens !
Et pourtant, bien de polémiques ont tourné autour de cette méthode jugée obsolète un temps puis reprise après. On lui reproche sa démarche appelée syllabique qui associe la terre au son pour former une syllabe lesquelles assemblées donnent le mot. C’est pourquoi autrefois, nous lisions distinctement « PA-PA – FU-ME – UN-E-PI-PE » papa fume une pipe pour les non-initiés. On a reproché longtemps à cette méthode de privilégier plus la lecture que la compréhension.
A l’opposé, pour certains tenants de la pédagogie, la lecture se fait par la reconnaissance d’un mot entier, et non par le code de l’écrit « c’est-à-dire sans apprentissage du code des correspondances entre sons et signes écrits » prônent-ils. Il est utilisé à partir du moment où le mot est suffisamment familier pour être reconnu directement sans avoir besoin d’être déchiffré de manière syllabique. Dans notre exemple précédent, l’on sait pertinemment que papa ne peut fumer qu’une pipe.
Toujours, d’après les analystes, la méthode syllabique convient plus aux milieux où le français n’est pas la langue maternelle et/ou les foyers la culture de la lecture n’est pas encore de mise.
Ce dernier argument explique peut-être l’engouement que nous avons pour ce livre dont la couverture, tout le monde se rappelle, montre deux enfants lisant à l’ombre d’un pommier quel manuel ? Un « Méthode Boscher » évidemment.
Pour la petite histoire, sachez que dans dernière édition le « Papa fume une pipe » n’y est plus, qu’est, ce que vous voulez l’air du temps est passé par là.
Mickey RANARIVAO