Ces temps-ci, on revendique ça et là, « Nous voulons des techniciens à la tête de tel département ministériel ou même un gouvernement de techniciens… » Au-delà des revendications corporatistes style- un agronome à la tête de l’agriculture- Ces revendications oublient souvent ou font semblant d’oublier qu’un ministre n’est pas à sa place pour servir les intérêts des fonctionnaires de son département mais, d’abord pour orienter les actions entreprises pour l’intérêt général, domaine réservé, en principe à la politique. Il y a aussi sûrement une désaffection générale vis à vis de la classe politique qualifiée hâtivement de corrompue par un tout un chacun devenu désabusé.
Illustration mais pas forcément justification. Nous avons hérité d’une structure sans pareille du ministère des travaux publiques (routes, ouvrages d’art…) d’un certain Eugène Lechat qui n’était qu’un instituteur, mais il a su valoriser et mobiliser ses techniciens autour d’une vision d’efficience des actions à entreprendre, celle, tel un réseau de vaisseau sanguin capable d’irriguer tous les points vitaux dont tout le pays a besoin. Son cursus ne lui permettait pas, c’est certain, de faire la différence entre les types de ponts, mais il ne s’est pas noyé dans des décisions trop techniques pour ne pas perdre la hauteur de vue nécessaire pour mener à bien sa mission. Un gouvernement de techniciens, autrement de personnes dénuées de colorations partisanes, donc confinées dans leur domaine de compétence ferait fi d’une différence fondamentale entre une « Décision », le déclic d’une suite d’actions, compte tenu de son environnement global et un « Engagement opérationnel » qui est un ensemble d’actions avec des facteurs qui lui sont d’abord seulement endogènes. Puis l’homme étant ce qu’il est, « l’appétit vient en mangeant » comme on dit, le technicien va grignoter petit à petit dans le champ politique. Le régime de transition du général Ramanantsoa, l’illustre, il a formé un gouvernement d’un nombre très réduit de techniciens, ne l’oublions pas. Et qu’est-ce qu’ils sont devenus pour la plupart ces ministres ? Des chefs de partis politiques. Sans prendre au premier degré la citation célèbre de Clémenceau : « La guerre est une chose trop grave pour la confier aux militaires. » disait-il. La guerre est en effet un phénomène social trop complexe, qu’il revient aux hommes politiques de la diriger plutôt qu’à ceux dont le métier est de se battre sur le seul champ de bataille.
M.Ranarivao