A chaque formation ou remaniement de gouvernement, on attend avec impatience les nouveaux détenteurs de portefeuilles ministériels, et l’on peut tirer des conclusions politiques. On remarquera que les grands ministères (finance, justice, défense, affaires étrangères, mine et énergie, la sécurité publique) seront réservés aux caciques du pouvoir en place. Le reste ne fait pas trop l’objet d’attention, et est réservé à des alliés politiques ou à des amis qu’il faut bien contenter. Parmi ces derniers, le dernier qui sert soit de voie de garage pour les déclassés parmi les anciens piliers (considérés comme punis) soit pour les gênants qu’on voudrait faire taire, est bien le département du tourisme. Là, le titulaire pourra faire ce qu’il voudra, on sait bien que la crédibilité du pays étant ce qu’il est, il n’y changera rien. Il est comme l’élève négligeable qui est laissé au fond de la classe. Les statistiques le montrent bien, les nombres d’arrivées de touristes ne décollent pas, malgré toutes les formes de camouflage, le « Tourisme levier du développement de Madagascar » reste un vain slogan. Pour preuve le nombre de 400 000 arrivées de touriste de l’année 2008, reste inaccessible. Quand on pense qu’ailleurs, bon an mal an, les activités touristiques induisent des vrais emplois et contribuent réellement au financement du pays comme à Maurice où, pour une partie de l’année il y a plus de touristes que de Mauriciens dans l’île, sans parler des autres grands bassins touristiques. Et pourtant, les prétendus potentiels sont là. Inutile de les citer parce qu’ils s’amenuisent déjà faute de considération, d’année en année. Le comble de l’histoire est que les départs soit des nationaux, soit des étrangers résidents pour aller ailleurs augmentent, ainsi ce que les spécialistes appellent le solde touristique tend vers un déficit. Les contraintes structurelles sont là, et tout le monde les connaît comme le prix du transport, le manque d’infrastructures, le non professionnalisation des métiers dans le secteur, l’insécurité et l’instabilité politique, mais il manque de la part de l’Etat une visibilité d’une politique du secteur. Une vraie politique, c’est-à-dire une suite d’actions cohérentes avec des objectifs mesurables. Comment vous voulez en avoir, si l’on veut satisfaire tous ceux qui veulent être ministres et ceux qui y sont, veulent s’en aller pour peu qu’on leur propose un maroquin plus estimable dans la hiérarchie du pouvoir, la forte rotation de titulaire de ce poste trouve là sa raison d’être. On aura beau vanter la beauté du pays mais tous sans exception , à commencer déjà par nous, n’en faisons pas cas avec l’insouciance des dégâts de la déforestation , notre manque d’intérêt des vestiges historiques et notre tendance à faire « caca et pipi » partout même sur les plages, quant au personnel politique, il se réserve les quelques sites préservés et donc onéreux ou s’invente des missions dans des paradis à l’étranger. Par curiosité, consultez, le communiqué du dernier conseil de ministre et voyez le nombre de missions en cette période de vacances, et vous saurez pourquoi on s’enlise dans la pauvreté.
M.Ranarivao